Full text: Oeuvres complètes

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PRINCIPES DE L’ÉCONOMIE POLITIQUE. 
CHAPITRE II. 
DE LA RE>’TE DE LA TERRE \ 
11 reste à considérer si l’appropriation des terres et la création 
sul)séquente de la rente, peuvent causer quelque variation dans la 
■ Nous n’avons pas hésité à substituer, dans tout le cours de ce chapitre, le 
mot rente au mot fermage qui a servi à la plupart des écrivains, pour ren 
dre l’expression anglaise rent. On a craint, avant nous, d’introduire dans la 
nomenclature scientifique un terme inusité et qui commanderait la méditation ; 
comme si la première crainte ne devait pas être de vicier une démonstration par 
le vague, l’ambiguïté du langage. Chaque idée nouvelle dans les sciences, dans 
les arts, apporte avec elle sa forme, ses expressions ; et il serait aussi insensé de 
chercher à construire l’économie politique actuelle avec la nomenclature de 
Âlontchrétien, de Quesnay et de l’abbé Baudeau, que de faire de la chimie 
avec la langue de Bacon ou de Paracelse, et de bâtir nos cathédrales avec des blocs 
Cyclopéens. D’ailleurs, si nous n’avons pas hésité ici, c’est qu’en réalité nous n’a 
vions pas à hésiter, c’est qu’à tout prix il fallait rejeter l’ancien mot de fermage, 
contre lequel protestent et le sens et la lettre de Ricardo. En effet, qu’entend on 
en économie politique par le mot fermage? C’est la somme payée par celui qui 
cultive et exploite une terre, à celui qui la possède. Qu’entend-on maintenant 
par le mot rente? C’est, d’après la définition même de Ricardo, cette portion du 
produit de la terre qu’on donne au propriétaire pour avoir le droit d’exploiter 
les facultés productives et impérissables du sol. Et la différence est ici mani 
feste, essentielle, tellement essentielle même que l’auteur a consacré toute une 
série d’arguments à la faire ressortir. Il fait plus : après avoir bien établi qu’on 
ne saurait donner le nom de rente à la portion de produit attribuée au pro 
priétaire pour l’intérêt des capitaux consacrés à l’amélioration desterres, à la 
construction des granges, fermes, etc., il trace, entre ses idées et les idées 
générales, une ligne de démarcation profonde en disant que dans le langage 
vulgaire, on donne le nom de rente à tout ce que le fermier paie annuellement 
au propriétaire, et qu’Adam Smith a'souvent sacrifié à cette erreur du plus 
grand nombre. Ainsi donc, la rente est une redevance attachée au sol lui-même, 
au droit de propriété, par une fiction nécessaire, je le sais, mais analogue à celle 
qui faisait jadis du travail un droit domanial ; — c’est en effet la faculté d’exploi 
ter leur terre que vendent les propriétaires à l’instar des rois du moyen âge et du 
Sultan. Dès le moment où des placements de capitaux, des défrichements s’inter 
posent et viennent modifier la valeur de la terre, la rente se combine avec l’in-
	        
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