CHAP. II. — DE LA RENTE DE LA TERRE
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qu’antant qu’il retirerait toujours de son capital les profits ordi
naires, ce qui ne pourrait arriver s’il ne vendait ses articles à un
prix proportionné à la quantité de travail industriel consacré à leur
production
* M. Say n’a-t-il pas oublié dans le passage suivant que ce sont les frais de pro
ductions qui règlent définitivement les prix? — « Les produits de l'industrie
» agricole ont même cela de particulier, qu’ils ne deviennent pas plus chers en
»devenant plus rares, parce que la population décroît toujours eu même temps
» que les produits alimentaires diminuent ; et que, par conséquent, la quantité
» de ces produits qui est demandée diminue en même temps que la quantité
» offerte. Aussi ne remarque-t-on pas que le blé soit plus cher là où il y a beau-
" de terres en friche, que dans un pays complètement cultivé. L’Angleterre,
» la France, étaient beaucoup moius bien cultivées au moyen âge que de nos
»jours ; elles produisaient beaucoup moins de céréales, et néanmoins, autant
»qu’on en peut juger par comparaison avec quelques autres valeurs, le blé ne
» s’y vendait pas plus cher. Si le produit était moindre, la population l’était aus-
.. SI : la faiblesse de la demande compensait la faiblesse de l’approvisionnement »
Lto- II f Chap. 8. M. Say, persuadé que le prix du travail était le régulateur de
elui des denrees, et supposant avec raison que les établissements de charité de
toute espece tendent à augmenter la population au delà de ce qu’elle serait de-
à elle-même, et par conséquent à faire baisser les salaires,
üit : « .le soupc^onne que le bon marché des marchandises qui viennent d’AnHe-
» terre tienten partie à la multitude d’établissements de bienfaisance qui existent
»dansce pays. » Liv. III, chap. fi. Cette opinion est conséquente dans un au
teur qui soutient que les salaires règlent les prix.
Je ne pense point que ce soient les frais de production qui définitivement rè
glent le prix des choses ; car, lorsqu’une chose coûte trop cher à faire, elle ne se
vend point. l e prix s’établit en raison directe de la quantité demandée, et en
raison inverse de la quantité offerte. Lorsque le prix courant paie peu généreu
sement les producteurs *, la quantité produite, c’est-à-dire offerte, diminue ; le
prix monte, et en même temps un certain nombre de consommât^urs renoncent
à Si porter demandeurs ; et lorsque le prix monte au point d’excéder les falcultés
des p us riches amateurs, la production et la vente de cette espèce de produit
cessent complètement. (Aofe de Ifiuleur.)
Relativement à l’iiilluence que les secours donnés aux indigents exercent sur les
salaires, et par suite sur le prix des produits, on sait qu’en Angleterre les paroi-
scs viennent au secours des ouvriers qui gagnent trop peu pour soutenir leurs
familles. Sans un tel secours ces familles ne pourraient pas s’entretenir et se
perpétuer. La classe des ouvriers deviendrait moins nombreuse et plus chère.
11 est permis de croire qu alors leurs produi s renchériraient et soutiendraient
moins tavorablement la concurrence dans l’étranger. Au surplus, je crois, avec
Al. Ricardo, que la valeur des salaires, dans la plupart des cas, influe, sinon
• Dans les producteurs, je comprends toujours, outre ceux qui fournissent le travail, ceux
qui fournissent les tonds de terre et le capital, qui ne sont pas moins indispensables que le
tra\uil.