NOTRE FLOTTE COMMERCIALE.
91
parle sont à jamais abolis et la navigation à voiles, quelque
intéressante qu’ait été sa transformation, jette, modernisée,
son dernier éclat. Le pétrole, l’électricité, achèveront un jour
l’œuvre du charbon. Clunpie année réduira le champ d’ac
tion de la voile; et tel nouveau percement d’isthme ou, plu»
modestement, tel progrès dans les steamers, tel avilissement
du prix du charbon peuvent surgir, qui enlèveront au voi
lier même remor([ué et pourvu d’une machine auxiliaire,
son dernier marché avec sa raison d’etre.
A la date du i®'' avril 1901, il y avait cent cinq voiliers
naviguant sous pavillon français, nés de la loi de 189.3 et
nus au monde surtout eu vue de percevoir la prime, sans
laquelle leur navigation se solderait le plus souvent par des
pertes. Une cimpiantaine d’antres, en construction ou à la
veille d’étre mis sur cale, étaient signalés au Bureau Veritas.
L est assez, c’est même trop.
L’Allemagne n’a qu’une Hotte de 281 voiliers jaugeant
plus de 1,000 tonneaux; nous avons atteint, sans aucune
espèce d’utilité, ce chiifre. II est temps d’arrêter l’armement
dans une voie où il ne s’est que trop légèrement engagé.
S’obstiner à soutenir la voile par des primes considérables,
1 encourager au point qu’en ce moment même les comman-
iles de trois-mâts continuent, et que partout la spéculation
prepare, si j’ose dire, des nourrissons voraces pour les nia-
uielles déjà si épuisées du budget, serait une amère sottise.
Le Parlement trouvera sans doute que la loi de 1898 nous
coûte assez cher —et il renoncera à la conception archaïque
9U1, plus de cent ans après le lancement du premier bateau
^ vapeur, fait de la voilure le moteur indispensable et [irivi-
Icgié de la marine marchande française.
« Le vent souille gratis » dit un proverbe ; il n’y a donc
pas de raison pour que le budget le paie 8 millions par an !