Full text: Le problème de la marine marchande

LES CHANTIERS FRANÇAIS. ' l33 
porté pour les navires en bois, n’atteint plus avec l’acier 
que 4o p. 100 de ce poids. 
L’acier est actuellement le seul métal employé — à de bien 
rares exceptions près — pour la construction des navires('). 
Il l’a d’ailleurs simplifiée : le métal docile épouse, sous la 
pression de la machine-outil, les contours les plus compli 
qués ; les couples de la membrure, les feuilles de tôle du 
bordé, les harrots, les épontilles, etc., viennent se joindre, 
s’assembler les uns aux autres sur la quille et former avec 
une justesse mathématiipie, suivant le plan de l’ingénieur, 
« l’ossature », « l’enveloppe », « les ponts » du navire. 
Il n’est aucune difficulté qui puisse, avec l’acier, arrêter 
le constructeur; il lui suffira d’augmenter la force, l’épais 
seur des pièces qu’il emjiloiera pour obtenir la rigidité 
voulue, quelque grand (pie soit le rapport de la longueur à 
la largeur ou au creux. 
Il en résulte la possibilité de lancer des navires dont la 
grandeur n’est limitée (¡ne par la profondeur des ports aux 
quels ils sont destinés(^). La construction métallique a 
inaripié l’ère des bateaux géants, des navires monstres. 
(0 On fait maintenant des alliages d’acier avec du nickel et d’autres métaux, qui 
ont une force et une rigidité supérieures à celles de l’acier doux. 
Si en réalité leur usage est plus coûteux, ils permettent, du moins, de faire de 
sensibles économies de poids. Sir William White a estimé par exemple que, sur un 
paquebot transatlantique de vingt nœuds de vitesse moyenne, la substitution du nickel- 
acier à l'acier doux produirait une économie de poids d’environ i,ooo tonneaux, ce qui 
suffirait à permetire d'augmenter la vitesse moyenne de plus d’un nœud, sans toucher 
«ux dimensions du bateau. 
Oes alliages d’aluminium, employés à la construction de coques ou de parties de 
coques, de certains yachts, etc., ont produit aussi des économies de poids considerables. 
Mais ces alliages ont été lortement attacpiés par l’eau de mer. Il est probable qu’on en 
trouvera d’autres qui n’auront pas ce défaut et qui joindront cependant d'une fa^on re 
marquable la légèreté à la solidité. 
(a) « Les nouveaux procédés de construction ont permis d'accroître considérablement 
les dimensions des navires; les statisti(|ues de Suez indiquent qu’en 1870 le tonnage 
moyen des navires qui y passaient était de goo tonnes. 11 est aujourd’hui de 2,')0.) ton 
nes. La longueur surtout a augmenté : autrefois égale à trois ou quatre fois la largeur, 
elle est aujourd’hui six, huit ou dix fois plus grande.... 
« Ce qui conduit à augmenter ainsi la grandeur des navires, c’est que cette augmen 
tation est la condition indispensable pour accroître leur vitesse. La résistance de l’eau 
croît comme le carré de la vitesse, et même davantage quand la marche est très active. 
l>ans ce cas, pour compenser en partie l’action de celte progression rapide, il faut
	        
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