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PREFACE
À l'automne de 1914, quand l’étude scientifique des répercussions de
la guerre sur la vie moderne passa tout à coup du domaine de la théorie
dans celui de l’histoire, la Division d’Economie et d’Histoire de la Dota-
tion Carnegie se proposa d’adapter son programme de recherches aux
problèmes nouveaux que la guerre allait susciter ou, si l’on préfère,
aux problèmes anciens qu’elle allait transformer.
Le programme existant, tel qu’il avait été rédigé dans la conférence
des économistes tenue à Berne en 1911 et qui traitait des questions
alors actuelles, avait déjà donné lieu à des travaux de haute valeur,
mais pour bien des raisons, il ne pouvait plus être maintenu tel quel.
Un nouveau plan fut donc tracé, à la demande du directeur de la Divi-
sion. Il avait pour but de mesurer, par une vaste enquête historique,
le coût économique de la guerre et les perturbations qu’elle causerait
dans la marche de la civilisation. Il y avait lieu de penser qu’en confiant
une telle entreprise à des hommes compétents et d’esprit pondéré,
et en la menant selon la méthode vraiment scientifique, elle pourrait
finalement fournir au publie les éléments nécessaires pour se former
une opinion éclairée, et servir par là les intentions d’une Fondation
consacrée à la cause de la Paix internationale.
Le besoin d’une telle analyse, conçue et exécutée dans le véritable
esprit de la recherche historique, s’est fait de plus en plus sentir au fur
et à mesure que la guerre s’est développée, déclanchant toute la multi-
plicité des forces nationales, non seulement celles qui visaient à la
destruction, mais aussi celles qui aboutissaient à la création de nou-
velles énergies productives. L’apnarition de ces formes nouvelles d’acti-
vité économique qui, en temps de paix, se seraient traduites par un
accroissement de richesse sociale et qui ont donné parfois l’illusion d’une
prospérité grandissante — et, d’autre part, le spectacle de l’incroyable
endurance dont firent preuve toutes les nations belligérantes pour sup-
porter des pertes sans cesse accrues — ont rendu nécessaire de soumettre
à un examen plus approfondi tout le domaine de l’économie de guerre.
Une double obligation s’imposa donc à la division d’Economie et
d'Histoire. Elle dut prendre pour règle de concentrer son travail sur les