PRINCIPES D’ÉCONOMIE POLITIQUE
C’est dans l’industrie extractive que la loi de limitation est
la plus évidente. Quand la mine est épuisée, il faut bien
s'arrêter, et généralement même ôn est obligé de s’arrêter
bien avant qu’elle soit vide, parce que l’extraction cesse
d’être rémunératrice — quoiqu’elle puisse le redevenir du
jour où la métallurgie fait un nouveau progrès.
Mais il ne suffit pas de s’élever de la production extractive
à la production agricole pour avoir partie gagnée, c’est-à-
dire pour éluder la loi de limitation qui enserre l’industrie
humaine, car sous cette forme supérieure elle rencontre
encore des barrières.
1° D’abord la production agricole est limitée par la quan-
tité d’éléments minéraux indispensables à la vie des plantes.
Toute terre, même la plus fertile, n’en centient qu’une pro-
portion déterminée (azote, potasse, acièz phosphorique) et
chaque récolte les enlève petit à petit. Sans doute, l’art
de l’agriculture réussit non seulement à restituer à la terre
les éléments qui lui sont enlevés, mais encore à l’enrichir en
lui apportant des éléments nouveaux. Mais il faut remarquer
que les sources auxquelles puise l’agriculteur pour enrichir
le sol sont elles-mêmes limitées, puisque les engrais naturels
ne font que restituer à la terre une partie de ce que les
bestiaux ont consommé, et que les engrais chimiques sont
des minerais (phosphates, potasse, nitrate, guano, etc.) dont
les gisements sont rares et rapidement épuisables.
2° De plus, la production agricole est limitée par les con-
ditions de l’espace et du temps indispensables à la vie végétale
ou animale et qui sont bien plus rigides et bien moins modi-
fiables que dans la production industrielle. Le vrai nom de
cette industrie aurait dé être, comme on l’a suggéré
d’ailleurs, viviculture plutôt qu'agriculture. L’agriculteur est
réduit à un rôle presque passif: il regarde patiemment la
nature accomplir son œuvre, suivant des lois qu’il ne connaît
qu'imparfaitement encore et dont il ne peut changer la
marche lente. Il faut de longs mois avant que le grain qui
dort dans le sillon se soit transformé en épi, de longues
années avant que le gland soit devenu chêne. Il faut aussi à
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