PRINCIPES D'ÉCONOMIE POLITIQUE
H faudra peut-être que ceux qui viendront en surnombre
cherchent autre chose (1).
20 par l’intensification des cultures.
Sans doute, il n’est peut-être pas une seule terre dont
l’agriculteur ne pût, à la rigueur, accroître le rendement :
seulement, passé un certain stage de l’industrie agricole, il
ne peut le faire qu'au prix d’un travail qui va croissant, en
sorte qu’il arrive un moment où le travail dépensé pour
forcer le rendement dépasserait la valeur de ce rendement.
Soit un hectare de terre qui produit 15 hectolitres de blé, ce
qui est à peu près la moyenne de la France. Supposons que
ces 15 hectolitres de blé représentent 100 journées de travail
ou 300 francs de frais. Eh bien! la loi du rendement non
proportionnel (non proportionuel au travail) affirme que
pour faire produire à cette terre deux fois plus de blé, soit
30 hectolitres, il faudra dépenser plus de 200 journées de
travail ou plus de 600 francs de frais ! Pour doubler le produit,
il faudra peut-être tripler, peut-être quadrupler, peut-être
même décupler le travail et les frais.
Elle est certainement confirmée par la pratique de tous les
jours. Interrogez un agriculteur intelligent et demandez-lui
si sa terre ne pourrait pas produire plus que ce qu’elle
donne ? Il vous répondra : Assurément. La récolte de blé
serait plus considérable si je voulais mettre plus d’engrais,
donner des labours plus profonds, purger le sol des moindres
racines de chiendent, défoncer à bras d’hommes, au besoin
repiquer chaque grain de semence à la main, ensuite protéger
la moisson contre les insectes, contre les oiseaux, contre les
herbes parasites. — Et pourquoi ne le faites-vous pas? —
Parce que je n’y trouverais pas mes frais : ce supplément de
récolte coûterait beaucoup plus qu’il ne vaudrait. — Il y a
donc dans la production d’une terre quelconque un point
d’équilibre qui marque la limite qu’on ne dépassera pas, non
(1) On songe à cultiver l’anbre à pain qui pousse naturellement dans la zône
tropicale et ne beaucoup plus que le blé. Ainsi l’évolution économique nous
ramiénerait 170 qu temps où l'homme se nourrissait des fruits du chène
{voir ci-dessus, p. 853).
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