LA NATURE {:
pas qu’on ne pût la dépasser si on le voulait à tout prix, mais
on ne le veut pas parce qu’il n’y a aucun intérêt à le faire.
La preuve c’est que s’il pouvait en être autrement, c'est-à-
dire si on pouvait augmenter indéfiniment la production
d’une superficie de terrain donné, à la seule condition
d'augmenter proportionnellement le travail et les frais, il est
clair que les propriétaires, certes, ne manqueraient pas de
le faire! Au lieu d’étendre leur exploitation sur un domaine
plus ou moins vaste, ils préféreraient la concentrer sur le
plus petit espace de terrain possible; ce serait beaucoup
plus commode. Mais en ce cas aussi la face du monde serait
tout autre qu’elle n’est. Le simple fait que les choses ne se
passent point ainsi et que l’on étend sans cesse la culture
à des terrains moins fertiles ou moins bien situés, démontre
suffisamment que l’on ne peut pas, en pratique, démander
à un même terrain au delà d’un certain rendement (voir au
livre II, La rente fancière).
Chaque genre de culture comporte un maximum de ren-
dement qui lui est propre. Il est donc évident que si le
propriétaire change dè& culture, il peut déplacer d’un cran
la limite. L’hectare de terre en pommes de terre peut
donner en poids huit à dix fois plus qu’en blé. Mais la culture
de la pomme de terre n’en est pas moins soumise à son tour
à la loi du rendement non proportionnel.
Il ne faut pas confondre le rendement en qualité et le ren-
dement en argent. Celui-ci ne dépend pas seulement de la
fertilité de la terre, mais des circonstances qui déterminent
les prix et qui, celles-ci, ne sont pas soumises à la loi du
rendement non proportionnel. La hausse du prix n’a pas
de limites imposées par la nature. Si l’on remplace, par
exemple, la culture du blé par celle des roses et d'essence de
roses, celle-ci peut donner 5.000 franes à l’hectare. Mais
l’homme ne vit pas d’essence de rose.
La loi du rendement non proportionnel n’est pas d’ailleurs
spéciale, comme on l’enseignait dans l’économie classique,
à l’industrie agricole ou extractive. C’est une loi générale de
la production qu’on peut formuler ainsi : tout accroissement
en