Full text: Principes d'économie politique

LA NATURE 
Il est à remarquer que d’autant plus puissantes sont ces 
énergies naturelles et d’autant plus de temps et de peine il 
a fallu à l'homme pour les dompter et les faire servir à ses 
fins. Pour capter le Niagara il faut être autrement armé 
que pour capter la chute d’un ruisseau. Et nous verrons plus 
loin qu’il en est ainsi même pour l’industrie agricole : une 
terre naturellement fertile coûte plus à défricher qu’un ter- 
rain de sable. Toute utilisation des énergies naturelles est 
une lutte, comme celle d’Hercule contre les monstres, et 
l'énergie à déployer par le vainqueur «st nécessairement en 
raison de la puissance de l’adversaire. 
Voilà pourquoi il n’en est encore que quatre ou cinq que 
l’homme ait su utiliser pour la production : la force muscu- 
laire des animaux, la pression du vent et des cours d’eau, la 
dilatation des gaz (surtout sous forme de vapeur d’eau, 
récemment sous forme de gaz explosifs), enfin, depuis peu 
de temps, l'électricité (qui d’ailleurs m’est généralement 
qu’une transformation de la force de l’eau ou de celle de la 
vapeur). Mais il en est une infinité d’autres, déjà connues ou 
inconnues. Les vagues que le vent soulève sur la surface des 
mers ou le flot de la marée qui, deux fois par jour, vient 
ébranler des milliers de lieues de côtes, le foyer de chaleur 
que renferme l’intérieur du globe terrestre (1), constituent 
des réservoirs de force véritablement inépuisables. Et ceiles 
qu’on voit ne sont rien à côté de celles que l’on devine, ne 
fût-ce que des énergies latentes dans les combinaisons molé- 
culaires que le radium a révélées. S’il faut en croire le phy- 
sicien, l’énergie intra-atomique contenue dans un gramme de 
matière, si elle pouvait être dégagée, représenterait des mil- 
lions de chevaux-vapeur ! 
La domestication de certains animaux, cheval, bœuf, cha- 
meau, éléphant, renne ou chien d’Esquimau, etc, a fourni 
aux hommes la première force naturelle dont ils aient fait 
(1) En Toscane, dans une région où jaillissaient des jets naturels de vapeur 
(soffioni), on les a captés et intensiflés en creusant des trous et on a pu 
utiliser ainsi plusieurs milliers de chevaux-vapeur. 
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