_ : PRINCIPES D’ÉCONOMIE POLITIQUE
modérer les prix par sa seule présence et de briser ces
coalitions lacites qui se forment toujours entre marchands
dans une même localité. Son action sera bien plus eflicace
que celle de la taxation.
On sait que cette évolution dans le sens de l’étatisation a
suscité les plus vives critiques des économistes de l’école
libérale et que l’incapacité dont les pouvoirs publics ont fait
preuve — en France plus encore qu'ailleurs — les a trop
souvent justifiées. Pour la question de principe nous ren-
voyons à ce que nous avons dit au début de ce livre à propos
du socialisme d’Etat (voir p. 34).
Mais il est des mouvements irrésistibles qui ne peuvent
être enrayés ni par les critiques ni même par leurs échecs :
nous croyons que la tendance à la nationalisation est de
ceux-là et nous venons d’en indiquer les causes. Il faut seu-
lement, afin de prévenir les abus signalés, donner à ces entre-
prises nationalisées un caractère purement économique et
les débarrasser de toute intrusion politique, en se confor-
mant aux règles suivantes :
a) Conférer aux entreprises d'Etat ou municipales une
organisation autonome, un budget spécial, une personnalité
morale distincte, un conseil d’administration recruté en
dehors du Conseil municipal (ou du moins dans lequel les
conseillers municipaux ne seront qu’en minorité et avec
interdiction pour ceux-ci et pour leurs proches parents
d’occuper un emploi dans les entreprises municipales), et
leur imposer les mêmes règles de comptabilité qu'aux entre-
prises privées (1).
b) Faire une place dans le conseil d'administration aux
représentants des consommateurs d'une part, à ceux des
employés d’autre part, afin de donner à ces entreprises
d’Etat le caractère de véritables Coopératives, à la fois de
(1) C’est ce que l'Italie a réalisé par l'institution des Ænti autonomi, corps
autonomes composés de délégués élus à la fois par la municipalité, par les
établissements d'utilité publique et d'assistance, par les sociétés de consonma-
tion, chacun de ces éléments ayant une représentation proportionnelle au
capital qu'il a apporté.
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