LA DÉPENSE 1
d'augmenter aucun des trois. Au contraire ! c'est la consom-
mation qui sans cesse défait l’œuvre de ceux-ci et vide le
réservoir qu’ils travaillent à remplir. Si ce réservoir était
alimenté par un courant continu, de telle façon que plus on
tirerait et plus il en viendrait, alors l’erreur qui consiste à
croire que plus on consommera de richesses et plus on en
produira, pourrait s’excuser. Mais tel n’est pas le cas. Per-
sonne n’oserait prétendre que plus on cueillera de fruits et
plus le verger en produira, que plus on pêchera de poissons
et plus la mer en nourrira, que plus on brûlera de bois et
plus la forêt sera haute et touffue.
Ce qui favorise cette confusion c’est que, dans la pratique,
la consommation c’est la dépense; c’est le prix qu’il faut
payer pour se procurer ce qu'on désire. La dépense c’est la
consommation exprimée en monnaie. Or l'argent dépensé
n’est jamais consommé ; il est seulement transféré de l’ache-
teur au vendeur. C’est pour cela qu'aux yeux du public toute
dépense, même la plus folle, apparait comme inoffensive
puisqu'elle ne fait que transférer l'argent de Pierre à Paul —
voire même comme louable parce qu’elle «fait marcher le
commerce» Mais pour bien juger de la dépense il faut
regarder non à l’argent mais à la richesse payée avec l'argent
et voir si celle-ci a été consommee utilement ou non.
Les droits et les devoirs du consommateur,
Une des dernières paroles de Bastiat sur son lit de mort
fut : «Il faut apprendre à envisager toutes choses au point de
vue du consommateur ». En cela, d’ailleurs, il n’a fait
qu'exprimer le sentiment de l’économie politique classique.
Seulement, les économistes libéraux, fidèles à l’esprit de
leur école, pensent qu'il n’est pas nécessaire de prendre
Aucune mesure spéciale pour établir le gouvernement des
Gine P. R. 25e édition.
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