ce 2) pm
les exploitations agricoles individuelles par l’organisation de l’approvisionnement
en commun en semences sélectionnées, en engrais, en matières anti-cryptogamiques,
etc. Elle obtiendra par ces moyens que l’ensemble des produits individuels ras-
semblés se présentent comme une masse homogène et possèdent les qualités qui,
tout en satisfaisant les besoins de la consommation, réduiront au minimum les
frais de classement, de conservation et de transport.
À ces efforts pour l’amélioration du produit, les coopératives de vente doivent
évidemment joindre une certaine stratégie commezciale. Elles s’efforcent d’avoir
le contrôle de l’offre en s’assurant l’adhésion générale des producteurs intéressés
ou, tout au moins, d’une portion importante d’entre eux. Ce contrôle, la coopérative
de vente l’utilise en vue de la régularisation des quantités mises en vente, compte
tenu des variations des débouchés suivant les lieux et les époques. Mais les efforts
qui tendraient à aller au delà du perfectionnement des méthodes d’écoulement,
et à fixer des prix de monopole semblent condamnés à l’insuccès.
M. William R. Camp, dans une étude présentée à l’assemblée annuelle de
l’Academy of Political Science, en octobre dernier !, fait cette remarque que:
«les producteurs individuellement sont enclins à se laisser illusionner par des
chimères et peuvent même embarrasser la direction des coopératives en déclarant
des récoltes inférieures aux récoltes obtenues dans le but de pousser la direction
à établir un prix de départ plus élevé. Mais l’expérience a enseigné aux directeurs
de celles des coopératives qui peuvent avoir une influence déterminante sur la
fixation saisonnière des prix (fruits secs et noix, par exemple) que, si les prix sont
établis à un niveau trop élevé, il peut devenir impossible d’écouler toute la pro-
duction sur le marché, au cours de l’année, et que toute quantité en excédent
risque d’exercer une forte pression sur le prix de départ de la campagne suivante. »
Il faut noter également que l’élévation des prix peut provoquer, en même
temps qu’une diminution de la consommation ?, une extension des surfaces cultivées
et, par conséquent, un excès de production qui pèsera sur le marché. Or, un accrois-
sement de la production qui ne répond pas à une augmentation de la demande,
mais à l’excitation de prix arbitrairement élevés, va à l’encontre du but poursuivi:
1 Camp, William R. : « Agricultural Pools in relation to regulating the movement and Price
of commodities », publié dans Proceedings of the Academy of Political Science in the City of
New York. Trade Associations and Business Combinations, janvier 1926. Cette étude a été
présentée à une session de l’Académie consacrée à une discussion sur les ententes industrielles.
? L’exemple suivant de la pratique suivie en 1922 par la Coopérative américaine pour la
vente des airelles montre que, dans des circonstances déterminées, la coopération de vente
peut être amenée à s’opposer systématiquement à la hausse des prix. En 1922, la récolte
d’airelles fut peu abondante ; si, au début de la saison de vente (qui ne dure que 4 ou 5 mois),
l’association, sans prendre garde aux circonstances spéciales de l’année, avait simplement mis
sur le marché la même proportion de la récolte à écouler que dans les années normales, les
prix auraient monté; un certain contingent des consommateurs se seraient abstenus et
auraient pu contracter l’habitude de se passer d’airelles. Il en serait résulté que, l’année
suivante, les ventes auraient été plus difficiles et la saison d’écoulement plus longue et plus
coûteuse. C’est pourquoi l’association s’attacha à approvisionner le marché à proportion de
la demande aux prix auxquels étaient habitués les consommateurs.
On pourrait bien entendu citer d’autres exemples semblables comme aussi, inversement,
des cas où des coopératives de vente et leurs membres se sont repentis d’avoir cédé à la
séduction de prix exceptionnellement, mais excessivement, élevés.
oc