LES COOPERATIVES DANS LES PAYS LATINS 209
Gobineau et M. Vacher de Lapouge. Non! Qu'ils soient
brachycéphales ou dolichocéphales, bruns ou blonds, les hommes
de la race latine ont montré, non seulement dans leur antique
passé mais dans le présent, qu'ils ne manquent pas des dons
nécessaires pour n’importe quel mode d’activité. On dit les Latins
individualistes; mais si ce mot est pris au sens péjoratif, c’est-a-
dire antisocial, comme tendance & agir isolément, cette imputation
ne parait pas fondée.
Le fascisme lui-méme, par sa définition et son symbole quelque
peu brutal, le faisceau n’évoque-t-il pas l'idée d’association et de
discipline?
Pas davantage n’admettrons-nous que ces pays soient dis-
qualifiés pour la coopération, par le fait quills sont tous de
religion catholique (catholique latine ou catholique grecque). 11
y a un demi-siécle a paru une brochure d'un économiste belge, le
professeur Emile de Laveleye, qui avait, pour titre “De
Iinfériorité des nations catholiques.” Il est vrai que de son
temps, cette infériorité était manifeste dans tous les domaines—
instruction, industrie, transports, commerce et méme évolution
politique. Mais depuis lors, les choses ont un peu changé.
Certains pays catholiques ont fait de grands progres, I'ltalie avec
ses ambitions impérialistes, la Belgique héroique dans la guerre,
la Pologne reconstituée, et méme les pays de ’Amérique latine
qui certainement vont prendre une place considérable au cours du
siecle présent.
On ne saurait dire que I'Eglise romaine soit réfractaire a
P’association puisqu’elle est elle-méme le plus grandiose exemple
d’une association internationale que le monde ait jamais vu, et
qu'elle a donné naissance A ces prodigieuses associations qui sont
les Ordres religieux. Pour ne citer précisément que les pays
latins, une religion qui a donné en Italie un Francois d’Assise et
1’'Ordre des Franciscains, en Espagne Ignace de Loyola et I'Ordre
des Jésuites, est apte assurément & enfanter de grandes organisa-
tions coopératives.
Peut-étre, plutdt que le facteur religieux, faudrait-il ineriminer
le facteur politique? Les pays que nous avons cités sont des
pays qu'on peut, sans leur faire injure, qualifier de pays agités.
Est-il besoin de montrer & '’heure présente la dictature en Italie,
en Espagne, en Portugal? les révolutions qui, non pas seulement
chaque année mais presque chaque saison, renversent le gouverne-
FL