238 L’APOGÉE DU TRAVAIL MÉDIÉVAL
tuent une élite de notables (meliores), parfois nombreux
(600 à Cologne). Il en est qui donnent leurs filles en mariage
à des chevaliers. En Italie, ils ge rapprochent même de
la noblesse, au point de se confondre quelquefois avec
elle, comme à Venise, où le patriciat est formé de grands
marchands, parmi lesquels figure le doge lui-même. Par-
tout, ils aspirent à conquérir le rang social auquel la. for-
tune leur permet d’aspirer. Comme dans toutes les crises
analogues de l’histoire du travail, l’activité commerciale
et industrielle, à mesure qu’elle engendre la richesse,
suscite le besoin de la liberté.
D'ailleurs, bientôt la servitude où vivaient le marchand
et l’artisan devint incompatible avec les exigences de leur
expansion économique. Le régime féodal qui ne recon-
naissait au commerçant et au fabricant, ni la propriété,
ni la liberté civile et commerciale, ni même la liberté per-
sonnelle, garrottait le travail dans des liens si étroits que
celui-ci ne pouvait développer sa vitalité. Il entravait par
son fiscalisme, sa tyrannie et son anarchie le développe-
ment des échanges et l’activité des ateliers. Il n’assurait
même pas l’ordre et la sécurité, conditions indispensables
du progrès économique. C’est pourquoi les marchands, que
l’on commence à appeler entre 1004 et 1080 les bourgeois
(burgenses), à cause de leur résidence habituelle dans les
faubourgs et les nouveaux quartiers des villes fortes (burgs),
cherchent dans l’association volontaire” les moyens de
défense qu’ils ne trouvent pas auprès des pouvoirs féodaux.
Lies syndicats qu’ils organisent, sous les noms ‘variés de
gildes, hanses, amitiés, fraternités, frairies, confréries, charités,
banquets, et qui ont leurs chefs (doyens, gardiens), leurs
secrétaires, leurs agents, leurs assemblées, leurs cotisations
et leurs caisses, ne présentent pas de caractère politique.
Mais ils groupent sous la foi du serment les grands et les
petits marchands, en vue de leur assurer le bienfait de
l’assistance mutuelle, aussi bien dans le domaine de
la religion et de la charité, que encore dans celui de la