XXVUl
NOTICE SUR LA VIE ET LES ÉCRITS
réserve métallique des proportions légales et inflexibles. Il ne dit pas au
crédit : Tu n ¡raspas plus loin; il n’immobilise pas des capitaux énormes
dans la prévision d’une crise financière. Il fait plus: il rend ces capitaux in
utiles en entourant d’une confiance illimitée le papier émis par la Banque.
Ainsi le billet de banque n’étant, en définitive, qu’une promesse de remettre
une certaine quantité d’or, d’une certaine pureté, la promesse se trouvait sa
tisfaite, dans son système, du moment où le porteur recevait en lingots une
valeur intrinsèque égale à celle stipulée sur le bank-note. De cette manière
les Banques se présentaient dignement à la nation. Elles n’étaient plus obli
gées de recourir à des expédients de bas étage et à payer avec du billon pour
que la réserve, s’écoulant goutte à goutte, donnât aux recettes le temps de
s’effectuer ; elles ne devaient plus se prêter mutuellement leurs fonds sociaux
comme des fils de famille, aux abois, qui se prêtent leur signature ; enfin elles
ne devaient plus, surtout, recourir à ces suspensions violentes qui ôtent au
crédit son point d’appui, et le lancent, sans frein, dans 1 immense et brû
lante carrière des émissions exagérées. Voilà quel était le plan de B ¡cardo ;
et il est P rmis de croire qu’il ne présente rien d’incompatible avec la pra
tique, puisqu’il fut adopté en 1819, à l’époque où, par l’acte célèbre, connu
sous le nom de « PeeVs Act », on secoua l’indolence des directeurs de la
Banque d’Angleterre et on leur intima l’ordre de reprendre les paiements
i interrompus depuis 1797. Ou sait qu’à partir de février 1820 jusqu’au
\ mois d’octobre de la même année, les porteurs de bank-notes furent auto-
1 rises _a_juir ex ger le remboursement eu lingots d’or, au taux de 4 liv. st.
l’once : en mai 1821, l’or ne devait plus valoir que 3 liv. 19 sh. 6d., pour
descendre,de mai i82i à mai 1823, au taux légal de 3 liv. I7sb. 10 lj2d.
/ C’est à partir seulement de mai 1821 que le paiement en numéraire devait
( définitivement recommencer. Les directeurs, comme pour se hâter de sor-
^ tir d’un provisoire dont Ricardo, leur inflexible mais juste adversaire, au
rait voulu faire l’état normal de la circulation, devancèrent I époque indi
quée par l’acte de la 19, et firm! voir, par la reprise des remboursements
en 1821, qu’il ne s’agissait que d’un coup d’éperon, donné par le Parle
ment, pour faire sourdre ce numéraire qu’on disait introuvable.—Ah ! si on
avait le courage de donner chez nous quelques coups d’éperon du même
genre, il se pourrait que la réforme postale ne fût plus à l’état de projet,
que les chemins de fer ne figurassent plus seulement sur des cartes d’é
chantillon;, et que les industriels, qui sont la gloire de la France, fissent
quelques efforts pour ne plus fuir aussi piteusement la concurrence étran
gère !
Mais si nous approuvons les vues de Ricardo relativement à la substi
tution des lingots à l’or, nous n’allons pas jusqu’à admettre cependant qu’il
ait donné de la question du crédit une solution complète. Nous voulons
avec lui une circulation forte et sûre, assise sur un trône d'or et d’argent,