OEUVRES DIVERSES.
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des impôts, et qu'ils appliquent au rachat de la dette, line portion
du pays paie ce qu’une autre portion reçoit, et si les contribuahles
consacraient le montant des sommes payées^ sous forme de capital, à
produire des matières premières ou des objets manufacturés, et si les
receveurs de ces contributions leur donnaient aussi une destination
industrielle et commerciale, le produit annuel varierait peu. Une frac
tion de ce produit total serait produite par 1 au lieu de l’être par
H; et cette mutation ne serâit même pas nécessaire, car en recevant
le montant de son capital, A pourrait le prêter à 1i , à raison d’un in
térêt stipulé entre eux. En supposant donc que le fonds d’amortis
sement s’alimente de capitaux et non de revenus, la société ne perdrait
rien à le voir grossir à l’infini ; il y aurait ou il n'y aurait pas un trans
fert de travail, mais le produit annuel, la richesse réelle du pays ne
subiraient aucune diminution, et le montant du capital employé ne
serait ni accru ni affaibli. Mais si les contribuables payaient les in
térêts et l’amortissement de la dette nationale sur leurs revenus, la
même somme de capital circulerait évidemment dans l’industrie; et
comme ce revenu, une fois reçu par le capitaliste, serait employe
comme capital, il en résulterait un merveilleux essor dans la produc
tion. Chaque année, le trésor des épargnes nationales s’accroîtrait
pour activer toutes les branches de travail.
Les hésitations de ceux qui parlent des effets désastreux d’un vaste
amortissement, viennent de ce qu’ils pensent qu’un pays peut possé
der plus de capitaux qu’il n’en peut occuper activement, et qu’il peut
se présenter de tels engorgements de produits que le niveau des pn^
ne soit plus rémunérateur pour le capitaliste. M. Say a démontré la
fausseté de ce raisonnement dans son bel ouvrage, et M. Mill a fortifie
cette démonstration dans son excellente réplique adressée à M. Spencc,
écho de la doctrine surannée des Economistes. I ons deux ont étabb
que la demande n’a d’autres limites que la production, et que tout
producteur crée en vue d une consommation. Ils admettent que la
demande pour certaines marchandises peut être limitée, et que pa""
conséquent ces marchandises peuvent se trouver en excès ; mais
soutiennent que les besoins d’un pays civilisé et riche sont infinis
illimités, et que l’utilité du capital se proportionne à la somme d’ab'
ments et de choses de première nécessité qu’on peut fournir à un^
population croissante. A chaque nouvelle difficulté qu’on rencontré
pour créer de nouveaux approvisionnements, le blé et les matièr^^
premières haussent de prix : de là, hausse correspondante dans 1^
salaires. Or, comme un accroissement réel des salaires entraîne né-