NOTRE FLOTTE COMMERCIALE.
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pour la plupart défectueux. M. Eslier le constate dans son
rapport à la commission extraparlementaire de la marine :
« Notre outillage maritime se compose surtout, indique-
t-il, des vieux navires dont nos rivaux sur mer veulent se
défaire.
«De 1893 à 1898, il a été immatriculé sous notre pavillon
203,(}3<) tonneaux de jauge en vapeurs de plus de 100 ton
neaux bruts.
« Sur ce chiffre, 157,643 étaient de vieux navires achetés
d’occasion, et 96,296 tonneaux, soit 87 p. 100 seulement du
total, étaient des vapeurs de nouvelle construction.
«Au contraire, sur 816,000 tonneaux d’additions dans la
même période, laßoite allemande à vapeur compte 716,000
tonneaux de constructions neuves : 88 p. 100 du total.
« Quant à laanglaise, elle s’est accrue en navires
NEUFS d’une jauge de 3,618,000 tonneaux — 90 p. 100 du '
total, et seulement de 153,000 tonneaux de navires âgés. »
Mon distingué confrère, M. Ed. Déchaud, secrétaire de
la rédaction de VEcho d'Oran, souligne, dans son intéres
sante déposition à la même commission, l’erreur capitale:
où tombent nos armateurs.
« Ce qu’il y a de cruel à dire, constate-t-il, c’est ipie nous
avons en h rance 85 p. 100 de navires qui sont âgés de vingt
ans, dont 21 p. 100 pour les vapeurs.
«Nos armateurs économisent sur le prix d’achat des na
vires sans s’apercevoir ipie l’intérêt capitalisé du surcroît
de dépense que leur impose un vieil outil représente un
sacrifice bien supérieur à celui qu’ils auraient consenti pour
avoir un navire moderne. »
L’augmentation du taux de l’assurance, la cherté de
l’entretien, le temps perdu en réparations, la consommation
de charbon, supérieure dans les vieux bateaux à celle que
nécessitent les neufs, ont tôt fait d’absorber l’illusoire éco-