ÉCONOMIE AGRAIRE DE L’OCCIDENT 93
les prés bien irrigués (prata) étaient plutôt rares, et c’étaient
les pâturages (pascua) qui dominaient, de même que les
terrains de parcours. Aussi le gros bétail bovin et chevalin
stait-il surtout abondant dans les régions favorisées par
la nature ou dans la partie réservée (dominicum) des grands
domaines. On y élevait volontiers des chevaux de guerre,
des étalons et des taureaux. Le cheval, plus rare que l’âne,
coûtait fort cher ; il valait en Gaule le tiers ou la moitié
du prix d’un esclave. Le petit bétail, qui exige moins de
capitaux et qui convient mieux à une agriculture primi-
tive, abondait. On élevait spécialement le porc pour les
nécessités de l’alimentation, le mouton pour la laine, la
chèvre pour sa chair et sa peau, la volaille pour la nourri-
ture de la maison seigneuriale, l’abeille pour le miel qui
remplaçait alors le sucre et pour la cire que le luminaire
le luxe exiseait. Telle grande collectivité, comme Saint-
Germain-des-Prés, possède 7.720 pores; telle autre, par
exemple Bobbio, 5.000. Une villa impériale au IX®° siècle
renferme 200 agneaux, 120 moutons, 150 brebis, 160 por-
celets et 5 verrats, 17 ruches, 30 oies, 80 poulets et 22 paons.
Une autre a un troupeau de 100 chèvres. En, Allemagne,
la proportion du gros bétail, par rapport au petit, était
de 8 p. 100, s’élevant sur quelques points seulement à
50 p. 100. Quelques progrès avaient été introduits au
moyen de l'irrigation en Espagne. Les moines et les inten-
dants royaux avaient développé les prairies, accru le
cheptel, introduit même des améliorations dans le choix
des animaux de basse-cour, du gros et du menu bétail,
mais c’étaient des exceptions. Faute de capitaux, d’en-
zrais, de transports faciles et de débouchés étendus, l'Oc-
cident ne possède pas encore les formes progressives de
l’exploitation du sol.
Faibles progrès et lacunes des formes progressives de
oulture en Occident : les céréales, les cultures arbori-
coles, la vigne, les cultures industrielles. — La marne