ÉVOLUTION DU COMMERCE ET DE L'INDUSTRIE 381
Le prolétariat urbain et ses éléments, les salariés de la
grande industrie, les ouvriers nomades, les chômeurs et les
mendiants. — Une partie des ouvriers de la petite indus-
trie, malgré l’organisation du compagnonnage, dut se rési-
gner à vivre dans une condition subordonnée et à subir
éternellement la loi des maîtres, à accepter même les
tarifs de salaires que les règlements corporatifs ou muni-
cipaux lui imposèrent souvent. Elle vint grossir les rangs
du prolétariat urbain, qui avait pour principaux éléments
tes salariés de la grande industrie.
Ceux-ci, devenus plus nombreux qu’à l’ère anté-
rieure, se trouvèrent plus que jamais assujettis à la
domination des grands entrepreneurs, qui leur distri-
buaient à leur gré les commandes, leur achetaient les
produits du travail, leur infligeaient des salaires de famine,
les obligeaient à accepter en paiement des denrées dont
le prix était arbitrairement fixé, les maintenaient dans
leur dépendance par Un système ingénieux d’avances,
d’où résultait l’endettement, et les laissaient exposés aux
crises de surproduction ou de chômage. De là, parmi ces
prolétaires, un état permanent de malaise et de méconten-
tement qui se manifeste par des grèves ou des coalitions,
accompagnées de boycottages, quand on n’arrive pas à
les résoudre au moyen de l'arbitrage, ou à les compri-
mer au moyen de la force. De là encore, des tentatives
d’émeute et de révolution qui, plus d’une fois, trou-
bièrent et ensanglantèrent les villes. Le prolétariat ne
remportait en général que des succès éphémères, qu’il
compromettait par ses violences, son intolérance ‘et sa
tyrannie; la victoire restait finalement aux pouvoirs
traditionnels défenseurs de l’ordre et des privilèges patro-
naux.
Aussi, vit-on se développer dès lors ces deux MAUXx
endémiques du' prolétariat : le nomadisme et la misère
ou la mendicité. Nombre d’ouvriers, mécontents de leur
sort, où réduits au chômage, allèrent de pays en pays à