222 L’APOGÉE DU TRAVAIL MÉDIÉVAL
dustrie byzantine et musulmane. Il fait son apprentissage,
et bientôt il égale et parfois dépasse ses maîtres. L'Italie
et la France deviennent à leur tour les grandes initiatrices
et les promotrices du progrès et de la renaissance indus-
trielle, que favorisent, d’autre part, les intelligents efforts
des moines, surtout des ordres français, des princes et des
gouvernements urbains.
La technique elle-même se transforme. L’emploi des
moteurs à vent et des moteurs hydrauliques commence à se
propager ; il introduit dans un certain nombre d’industries
des procédés de travail mécanique à côté de ceux du
travail à main. Ce dernier atteint à un haut degré
d’habileté dans les industries textiles et dans les industries
d’art qui parviennent à une perfection souvent incompa-
rable, grâce à la formation minutieuse des ouvriers et au
fini de l’exéeution.
Les formes principales d'industrie pendant l’âge d’or du
moyen âge. — Lies formes les plus vivantes de l’activité
industrielle qui s’exerce surtout dans le cadre urbain, sont
celles qu’on peut grouper sous le nom de petite industrie ou
d’artisanat. Une classe spéciale d’hommes s’organise, indé-
pendante du domaine et distincte de la classe agricole. Elle
est pourvue de connaissances techniques; elle vit du produit
du métier, que le moyen âge appelle un art. Dans ce régime,
l’ouvrier ou artisan travaille parfois seul, et réunit parfois
quelques auxiliaires dans son atelier. Il est chef d’entreprise;
il a choisi librement sa profession, suivant ses aptitudes. Il
besogne surtout pour la clientèle et le marché urbain ou
régional, et non plus pour le seigneur et le domaine seule-
ment. En acquittant certaines redevances à ses anciens
maîtres, il peut disposer de sa main-d’œuvre ; il est le
propriétaire de son outillage et des produits de son travail.
Son habileté professionnelle se manifeste de diverses
manières. Tantôt, l’artisan travaille à domicile à des tâches
qui n’exigent pas une spécialisation avancée, seul ou avec