LES INVASIONS, RUINE DU TRAVAIL 23
mains, les Bulgares, les Slaves, qui pénétrèrent en Orient,
furent presque aussitôt hellénisés. Ceux d'Occident, comme
les Lombards et les Visigoths restèrent à l’état d’aristo-
craties conquérantes ; la colonisation germanique ne
laissa que de faibles traces, limitées au nord de l’Espagne,
aux duchés de Bénévent et de Spolète, à la Toscane et au
nord de l'Italie. Toute la Gaule, située au sud de la Loire,
ne garda presque aucune empreinte de ia domination
germanique un moment subie. Quelques éléments saxons
et burgondes persistèrent, les uns dans le Cotentin
et le Maine, les autres à l’Est dans les deux
Bourgognes et la Suisse occidentale. Au tord et au
nord-est sealement de l’ancienne Gaule et dans les pays
romains du Danube, la colonisation germanique marqua
plus profondément son empreinte. Encore celle-ci fut-elle
très inégale. Si dans les Pays-Bas, les Francs Chamaves,
Ripuaires, Saliens, les Saxons et les Frisons colonisèrent
la Néerlande et les Flandres, le Boulonnais et l’Artois,
les Wallons, descendants des Romains, tinrent bon dans
les vallées de la Sambre et de la Meuse. De même, les
Celto-Romains en Alsace et en Palatinat conservèrent le
vieux fond latin et gaulois, malgré l’invasion des Ala-
mans, et les Bretons, en Angleterre, malgré le flot anglo-
saxon. C’est uniquement dans les pays de la rive droite du
Rhin, dans ceux du Main, du Danube et des Alpes cen-
trales, que la colonisation germanique, représentée surtout
par les Alamans et les Bavarois, réduisit à l’état de faibles
îlots les anciennes populations romaines, s'installa en
maîtresse et fit momentanément triompher la barbarie
teutonne.
Si les invasions modifièrent peu le fond ethnique de
l'ancien Empire romain, en Occident comme en Orient,
elles n’en eurent pas moins des résultats désastreux pour
la‘ société et le travail. L’humanité a connu rarement
d’aussi grandes misères que celles de cette période. Les
masses n’ont fait que perdre à ce changement de maîtres.