382 LA FIN DU MOYEN AGE
la recherche du travail. C’est ainsi que, pendant la guerre
de Cent ans, 20.000 ouvriers normands émigrent en Bre-
tagne et d’autres jusqu’en Allemagne, tandis que les
ouvriers flamands passent en grand nombre au delà de
la Manche ou du Bhin, et que des ouvriers allemands se
répandent en Italie, en France et en Angleterre. En même
temps, la transformation de l’industrie, la concurrence
de la main-d’œuvre rurale et féminine que les grands entre-
preneurs emploient de préférence, celle de la main-d’œuvre
foraine ou étrangère, qui se développe en dépit des règle-
ments corporatifs, entraînent des crises de chômage pro-
longées et développent le paupérisme dans le prolétariat.
Des bandes d’ouvriers sans travail et de miséreux encom-
brent les bas quartiers ou les faubourgs des villes indus-
trielles, à un tel point que Florence compta 22.000 men-
diants, ou bien s’en vont sur les routes tendre la main de
bourg en bourg et de cité en cité. En France, on les nomme
des quémans (quémandeurs) ou quoiîmans.
Le capitalisme en haut, le paupérisme en bas, tels sont
les deux ferments de déséquilibre qui se sont introduits
dans la société médiévale finissante, où heureusement
ils n’ont encore qu’une action limitée.
La condition de la masse des classes urbaines, la hausse
des salaires. — La grande masse des membres des classes
industrielles et commerçantes, placée en dehors de la
bourgeoisie capitaliste et du prolétariat, jouit de condi-
tions d’existence plus voisines de l’aisance que de la
misère, du moins dans les pays qui n’ont pas été trop
atteints par la guerre ou les crises. Les petites fortunes
Sont très répandues dans la moyenne et la petite bour-
geoisie. L'organisation de la, petite industrie favorise tou-
jours la stabilité et garantit le bien-être chez la plupart
des artisans et des petits patrons. L’ouvrier lui-même
dans ce régime continue à bénéficier des dispositions
réglementaires qui le protègent contre les abus de la