LA FIN DU MOYEN AGE
les gouvernements établis. La bataille de Roosebecque
dissipa ce cauchemar (novembre 1382) et coûta la vie à
26.000 prolétaires. Aucun autre mouvement n’eut une
pareille ampleur, mais des tentatives sporadiques à Liége
en 1330:et en 1343, à Louvain en 1340, à Bruxelles en 1359,
1366 et 1368, à Bruges en 1359, 1366, 1367, montrent à
quel point aux Pays-Bas les classes ouvrières eurent, pen-
dant un demi-siècle, l’espoir tenace. d’une rénovation
sociale. Peu à peu, le mouvement se limita au xv° siècle
à Bruges et surtout à Gand et à Liége, où, comme en Italie,
il devait être étouffé par le pouvoir princier.
Dans le reste de l’Europe et surtout de l’Occident, les
tlasses ouvrières eurent des visées moins hardies. Elles se
contentèrent avec plus ou moins de succès de revendiquer le
partage du pouvoir municipal ou d’essayer d’amender l’or-
ganisation des gouvernements urbains. C’est ainsi qu’en
Allemagne, une série d’émeutes à Cologne (1396), à Stras-
bourg (1346-80), à Ratisbonne, à Wurzbourg, à Bamberg,
à Aix-la-Chapelle, à Halberstadt, à Brunswick, à Magde-
bourg, à Lübeck, à Rostock, à Stettin, obligea le patriciat
bourgeois à abandonner son monopole et livra les corps de
ville aux métiers. Ceux ci montrèrent un certain esprit
d'équité et de pondération, de sorte que les villes allemandes
furent dotées d’un régime vraiment libéral. En Espagne,
au contraire, si dans la région orientale, à Palamos, à
Figueras, à Barcelone, à Valence, à Palma la haute bour-
geoisie « des citoyens honorés » dut se résigner à admettre,
non sans une vive résistance, les artisans (menestrals) au
partage de l’autorité, en Castille ces derniers ne purent
enlever les échevinages aux nobles et aux riches bourgeois.
En Bohême et en Pologne, en France et en Angleterre, les
gouvernements démocratiques urbains déclinèrent mê-
me, le plus souvent, comme à Paris, à Reims, à Rouen,
à Verdun, à Montpellier, à Nîmes, ou ne maintinrent
ailleurs qu’avec peine quelques-unes de leurs conquêtes,
par exemple à Amiens et à Londres.
388