PRINCIPES D’ÉCONOMIE POLITIQUE
tout le procès économique, production, circulation, répar-
tition.
Le mot « consommation » prête à certains malentendus
auxquels il faut prendre garde.
1° Il ne’faut pas croire que consommation soit synonyme
de destruction. T1 est vrai — et c’est ce qui prête à cette con-
fusion — qu'il y a certains ‘Besoins, l’alimentation par
exemple ou le chauffage, qui ne peuvent être satisfaits que
par la transformation des objets propres à nous servir d’ali-
ments ou de combustibles. Pour utiliser le pain et le vin,
c’est-à-dire pour les transformer en chair et en sang, nous
sommes obligés de les manger, et pour nous chauffer, nous
sommes obligés de brûler le bois ou le charbon, c’est-à-dire
de les réduire en cendres et en fumée : c’est une nécessité
fâcheuse (1). Mais il ‘est beaucoup d’autres richesses qui
peuvent être utilisées sans être détruites : maisons, jardins,
monnaies, meubles, objets d’art. Il est vrai que celles-là non
plus ne sont pas éternelles et que généralement elles périssent
tôt ou tard, soit par accident, soit par le simple fait de la
durée, fempus edax rerum ! mais cette destruction ne doit
nullement être imputée à la consommation. La preuve c’est
que nous tâchons de faire durer les choses le plus possible
et si l'on pouvait faire toutes les choses inusables (vêtements,
linge, meubles, maisons, etc.) elles répondraient non pas
moins bien, mais bien mieux, à leur destination économique.
car, en telle hypothèse, elles pourraient ‘être utilisées à per-
pétuité et ce serait l’idéal de la consommation : prenons
garde qu’inusable ne veut pas dire ‘inutilisable! Le progrès
dans la consommation consiste précisément à consommer le
plus possible en détruisant le moins possible. La consomma-
tion d’art par son caractère immatériel est le type du genre
de consommation désirable : ici la jouissance ne cause aucun
dommage à l’objet. Si la Vénus de Milo est mutilée, la faute
(1) Æst-il besoin de dire que, par destruction, il! ne faut entendre que la
destruction de l’utilité et de la valeur, non l’anéantissement de la matière, car
il est bien évident que de même que l'homme par la production ne peut rien
créer, (le même par la consommation il ne peut rien détruire.
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