92 LE TRAVAIL PENDANT LE HAUT MOYEN AGE
bois de la Voivre, de la Champagne humide, du Morvan,
de la Haute-Picardie, de la Neustrie occidentale, de la
Brie et du Gâtinais, du Perche et du Haut-Maine, du
Bocage poitevin et du Plateau central, des Cévennes et
de la région pyrénéenne et alpine. L’Espagne du Nord et
de l’Est avaient recouvré leurs forêts, et le domaine fores-
tier avait repris, dans l’Italie du Nord, du Centre et du
Sud, une large part de son empire. Déjà des lois protec-
trices défendaient la forêt contre l’incendie et contre les
dévastations des usagers. Charlemagne avait essayé d’in-
troduire les principes d’une sylviculture rationnelle, en
réglementant les coupes et en ordonnant des recépages.
La forêt jouait en effet dans l’économie de ce temps un
rôle capital. Elle fournissait aux populations les bois de
construction et de chauffage, la poix et la résine, les élé-
ments d’une partie de l’éclairage et les fruits de ses arbres
sauvages. Sous ses ombrages, de grands troupeaux de
pores venaient à la glandée. La chasse, d’abord permise
à tous les hommes: libres, et que les grands avaient réussi
à se réserver en général, donnait en abondance du gros
et du menu gibier. Ours, sangliers, daims, cerfs abon-
daient ; des animaux auj ourd’hui disparus, bisons, aurochs,
castors se rencontraient encore sous le couvert des bois.
C’est de la venaison que l’on retirait alors une partie de
l’alimentation des gr&@nds domaines.
L’élevage était une autre grande ressource et la plupart
les Celtes, des Anglo-Saxons et des Germains restaient,
même après leur adaptation à la vie civilisée, avant tout
des pasteurs. L’Anglais du Ix° siècle est bien plus un
éleveur qu’un marin, puisque, dans un district de la côte
du Devonshire on trouve 1.168 porchers en regard de
17 pêcheurs. En Irlande, le bétail avait plus de valeur
que la terre, et la richesse dépendait du nombre des vaches
que chacun possédait. En Allemagne centrale, il servait
encore de moyen d’échange au VII° siècle. Sauf dans les
pays maritimes et alpestres, où les herbages prospéraient,