270 L’APOGÉE DU TRAVAIL MÉDIÉVAL
métiers flamands, qu’exaltent le sentiment démocratique
êt le patriotisme municipal, se soulèvent à Ypres, à
Douai, à Gand, à Lille, à Bruges, à Audenarde, mas-
sacrent les Français aux matines brugeoises (mai 1302)
et remportent sur la chevalerie française la brillante
victoire de Courtrai (11 juillet 1302). Le tisserand Conink
tient tête au plus puissant prince de la chrétienté, Philippe
le Bel. Malgré sa revanche de Mons-en-Pevèle (18 août 1304),
ce dernier est forcé de traiter avec la démocratie flamande
1305). La révolution faisait triompher ses revendications
légitimes. Aux Pays-Bas, le monopole du patriciat fut
aboli ; les métiers firent admettre leur£ mandataires,
doyens et capitaines, dans les conseils et-les macistratures.
[ls supprimèrent les privilèges abusifs des gildes, ils décré-
tèrent la liberté commerciale. Ils reçurent la plénitude de
la police économique ; ils purent exercer les droits de
juridiction sur leurs membres ; ils émancipèrent le travail
salarié. Ils abolirent les pénalités excessives, telles que la
mort et le bannissement, que le patriciat avait établies
contre les ouvriers pour des fautes professionnelles et
qu’on remplaça par des amendes. Ils conférèrent aux
ouvriers le droit d’acheter librement les matières premières
at de vendre directement le produit de leur travail. Pour
les travailleurs de la grande industrie flamande, la conquête
du pouvoir politique fut l’instrument de la libération
Économique.
Nulle part la révolution n’obtint de résultats aussi
remarquables qu’aux Pays-Bas. En France méridionale et
en Italie en effet, le mouvement eut moins pour effet de
faire triompher les démocraties ouvrières que de briser la
tyrannie anarchique du patriciat des nobles. Là, le menu
peuple (minuius populus, mediocres, Minores) se coalisa
avee la bourgeoisie riche des grandes corporations (arts
majeurs), parfois même, comme en Provence, avec le clergé,
contre l’insolente domination des féodaux, maîtres des
villes. Lies syndicats professionnels (arti) et les confréries