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OKUVHKS DIVEHSES.
Ce que veut le rentier ec sont des actes positifs, efficaces, et non des
mesures décevantes et mensongères. Couvrez Eopération d’autant de
voiles et de sophismes que vous voudrez, si des 14 millions dont peu
vent disposer les commissaires en temps de paix, 12 millions sont con
sacrés à acheter des rentes que le gouvernement émet dans l'intention
positive d’obtenir ces 12 millions ; si 2 millions seulement sont em
ployés au remboursement de la dette, et qu’on ne crée pas des taxes
pour l’amortissement ou l’intérêt des 12 millions perçus par l’Échi
quier, le résultat est absolument le même pour le capitaliste et pour
tous les intéressés, que si l’on avait réduit la réserve à 2 millions, l u
grand pays, on l’avouera, ne doit pas soutenir et justifier de pareilles
jongleries.
Au lieu de diminuer notre dette, l’amortissement l’a donc considé
rablement accrue : de plus, il a encouragé les dépenses et les gas
pillages. Si pendant la guerre un pays dépense 20 millions de plus
que dans les années de calme, et s’il ne prélève de taxes que pour
le service des intérêts, il se créera au bout de 20 ans une dette de
400 millions, et ses impôts s’élèveront jusqu’à 20 millions annuelle
ment. Mais si au million des intérêts on ajoute un amortissement de
200,000 1. St., les impôts à la fin de la vingtième année seraient de 24
millions, et la dette de 342 millions seulement. La réserve aura servi
en effet au rachat de 58 millions; mais si à la fin de cette période on
contractait de nouvelles dettes, et si l’on employait le fonds d’amor
tissement — montant alors à 0,940,0001. par la puissance des intérêts
composés, si on l’employait à servir les intérêts de cette dette, le
montant total serait de 538 millions, c’est-à-dire qu’il excéderait de
138 millions la dette qu’eût supportée le pays s’il n’y avait pas eu de
réserve. Si donc des dépenses additionnelles sont jugées nécessaires,
c’est par de nouvelles taxes, par un excédant de revenus qu’il faut y
faire face, et non par un amortissement illusoire. Et cependant, mal
gré toutes les leçons de l’expérience, nous travaillons à reconstituer
une réserve; et, dans la dernière session du Parlement, on a même voté
3 millions dans le but avoué de porter cette réserve de 2 à 5 millions
sterling (50 à 125 millions de francs). Il est dur sans doute de prédire
a ce nouveau fonds une destinée parfaitement semblable à ses prédé
cesseurs ; mais les illusions ne sont plus possibles. Pendant quelques
années il fonctionnera régulièrement ; puis viendront de nouvelles
difficultés politiques, et les ministères, craignant de trop aggraver le
fardeau des impositions, puiseront dans la réserve pour payer les