238
LE PROBLÈME DE LA MARINE MARCHANDE.
en achelaiit à bon compte un navire d’occasion au courtier
anglais, ne débourser qu’un faible capital.
Parfois, il n’a même pas le temps de faire toutes ces re
flexions : il est pressé par la nécessité, soit de remplacer un
navire hors de service, soit de se procurer le matériel naval
nécessaire à l’exploitation d’une nouvelle ligne. Il lui suffit
d’une dépêche lancée à Londres pour être tiré d’embarras ;
en France, on lui demanderait douze mois et une somme
double de celle qu’il paie pour construire le steamer qui lui
est indispensable.
L’intérêt de l’armateur français le conduit ainsi, en quel
que sorte malgré lui, à devenir le client de l’industrie an
glaise.
Le malheur est ({ue nos armateurs achètent trop souvent
des « rossignols » qui ne valent pins grand’chose. Les An
glais savent faire preuve d’une habileté extrême pour se
débarrasser de leur vieux matériel. Ils opèrent des réductions
énormes sur le prix d’un batean de sept, huit, dix ou ipiinze
ans.
Rares sont les armateurs qui, à l’exemple de la Compagnie
Havraise Péninsulaire, font construire directement dans les
chantiers anglais de beaux bâtiments. La plupart des ache
teurs français de navires, séduits par le bon marché, s’em
barrassent de bateaux âgés qui ne leur permettent pins de
soutenir ensuite la concurrence du matériel neuf allemand
ou anglais.
11 est difficile de connaître exactement le chiffre des na
vires neufs ou d’occasion dont le marché britannique jieut
disposer pour la vente. Je m’en suis enquis, sans résultat,
auprès du Lloyd et de certains courtiers. Ce chiffre, d’ail
leurs, varie d’un jour à l’autre, car il suit les fluctuations de
l’armement lui-même. Si le commerce vient à fléchir, le fret
à diminuer, les exportations anglaises à baisser— les droits