352 LE PROBLÈME DE LA MARINE MARCHANDE.
couleurs séduisantes le régime de la liberté absolue pour
les armateurs et les constructeurs : « Le champ des opéra
tions maritimes — disait-il au Corps léijislatif — n’aurait
plus de limites et chacun ne devrait plus compter que sur
soi-même : les forces individuelles acquerraient plus d’éner-
qie; en un mot, à l’espèce de tutelle sous laquelle elle a
trop longtemps végété succéderait pourno tre marine l’état
viril des grandes entreprises. »
Le moment serait, en vérité, judicieusement choisi pour
renouveler l’expérience qui réussit d’ailleurs si mal au second
Empire ! C’est quand toutes les nations cadenassent leurs
portes, ferment leurs marchés, rêvent comme l’Allemagne de
Zollvereins colossaux ou, comme l’Angleterre, d’impéria
lisme colonial, pour écouler le trop-plein de leur production,
(pie nous irions, sous prétexte do surexciter l’énergie ce des
forces individuelles », livrer naïvement aux convoitises étran
gères les vestiges de notre puissance maritime? Renonçons,
si nous admettons ce système, renonçons en même temps à
nos arsenaux, à nos colonies, à notre flotte de guerre, à
notre expansion dans le monde ! La liberté qui met en dan
ger l’indépendance et la richesse d’un pays, le rend pour
jamais tributaire de l’étranger, ruine son industrie, réduit à
la misère toute une catégorie de travailleurs, ouvriers et
marins, cette liberté n’est qu’une parodie de liberté, le dé
guisement et le masque de l’impuissance et de la veulerie.
De cette liberté menteuse, qui implique les définitifs renon
cements aux légitimes espoirs qu’un pays comme la France
doit éternellement garder dans la justice du destin, ni la
marine marchande, ni le commerce français ne peuvent être
dupes et victimes.
Reconnaissons-le, parce que c’est la vérité même : la pro
tection de notre flotte commerciale nous est imposée par des
nécessités nationales et par notre état économique actuel. Le