5 PRINCIPES D’ÉCONOMIE POLITIQUE
Jrix — d’autant plus que cette désorganisation du régime
corporatif coïncida avec l’avènement du machinisme, que
d’ailleurs elle facilita. Et on s’accorde généralement à recon-
naître que, depuis la fin du xvir1* siècle jusque vers le milieu
du x1x° siècle, la condition des ouvriers salariés en Europe
a ététrès dure, bien plus dégradée que celle des plus pauvres
paysans, et que le régime de la liberté leur a été moins
avantageux que les régimes antérieurs.
De la hausse des salaires.
Même de nos jours il faut reconnaître que la part allouée
au travail salarié, soit manuel, soit même intellectuel, a tou-
jours été très médiocre en regard de celle touchée par les
autres facteurs de la production. Le taux des salaires avant la
guerre était en moyenne de 7 fr. 24 à Paris et de 4 fr. 22
dans les villes de province, ce qui, en comptant 300 jours de
travail par an, chiffre très supérieur à la moyenne, donne
comme revenu annuel 2.172 francs à Paris et 1.266 francs en
province. Mais il s’agit là des ouvriers de l’industrie. Pour
les ouvriers agricoles la moyenne ne dépassait pas 3 francs
par jour, soit 900 francs par an. Et il s’agit là des salaires des
hommes : pour les femmes ce n’était que la moitié: la
moyenne ne dépassait pas 3 francs à Paris, 2 fr. 10 dans les
départements. Quand l’ouvrier est en famille, lorsqu'il peut
cumuler, avec son propre salaire celui de sa femme et ceux
de ses enfants qui ont plus de treize ans et n’ont pas encore
quitté la maison, alors le total de ces revenus additionnés
peut suffire ; mais ce cumul ne peut avoir lieu que pendant
une courte période de sa vie, puisqu’il faut attendre que les
enfants aient atteint l’âge de treize ans et que dès qu’ils sont
âgés de dix-huit ou vingt ans, très souvent ils quittent la
maison paternelle. Ajoutons que l’ouvrier est contraint à
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