LA PROPRIÉTÉ EN OCCIDENT 101
vI° siècle, subit, sous l'influence des tendances indivi-
dualistes de la civilisation romaine, une série d’atteintes.
Du VII au IX° siècle, dans ces régions, le père reçoit le
droit d’avantager un héritier, de procéder à des partages,
de faire des donations. Le testament se généralise. Les
femmes et les filles sont admises à succéder à une partie
de lhéritage, même immobilier. Les aliénations du
domaine familial sont permises dans certaines limites.
Le progrès de la propriété individuelle. Prédominance de
la grande propriété princière, ecclésiastique, aristocra-
tique. — Ainsi se constitue et grandit parmi ces peuples
nouveaux la propriété privée individuelle. Provenant des
partages ou des successions, elle s'accroît du fruit du
travail personnel, de ce qu’on nomme les acquêts (con-
questa), et spécialement des terres défrichées (essaris
et pourpris) par le labeur des pionniers. Elle se borne à
prendre des noms barbares, ceux de bookland en Angle-
terre, d’alleu (alod) en Germanie et en Gaule. Au fond,
c'est la vieille propriété à la romaine (possessio, sors), le
bien sur lequel l'individu a tout droit, qui triomphe de la
conception primitive, longtemps survivante chez les
Celtes et les Germains.
Ce mouvement qui tend à transférer la propriété du
sol, source presque unique de la richesse, des groupes col-
lectifs, tribu, centaine, village, famille, aux individus,
tourne principalement au profit des classes qui détien-
nent alors la puissance politique et sociale. Ce n’est pas la
petite propriété, c’est surtout la grande, qui bénéficie de la
disparition de la propriété communautaire. La possession
de la terre devient l’apanage de ceux, qui dans la division
du travail social se sont emparés des fonétions de gouver-
nement, de la force matérielle et spirituelle. D’abord les
nouveaux chefs d’État, rois et roitelets de toute origine,
se sont constitué de vastes domaines. En pays celtique,
ils les ont formés au moyen des biens en déshérence, du