104 LE TRAVAIL PENDANT LE HAUT MOYEN AGE
à accaparer les deuæ tiers du sol britannique. En Germanie,
un due de Bavière au VITIÉ siècle possède 276 manses dans
un district et 100 dans un autre. Dans le même pays, le
chef de la grande maison des Welf au x° siècle en à 4.000.
On a calculé qu’au lieu des 900 hectares que comptait
en général le grand domaine romain en Gaule, le grand
domaine mérovingien en compta jusqu’à 1.800 et 2.600.
Or un même personnage possède d’habitude plusieurs de
ces domaines. À l’époque carolingienne, les possessions
aristocratiques sont assez souvent disséminées dans
diverses régions. Nobles de premier ou de second ordre
(possessores, nobiles, nobiliores), gallo-romains, visigoths
et lombards sont ainsi parvenus à achever à leur avantage
l’œuvre de concentration de la propriété foncière com-
mencée à l’époque antérieure.
Formation de la noblesse foncière, le système de la vassa-
lité et du bénéfice. — La possession de la terre assure aux
corps, aux familles ou aux individus qui arrivent à la
monopoliser une puissance telle qu’elle amène la formation
d’une noblesse nouvelle, distincte à la fois de celle de la
société germanique et de celle de la société romaine, mais
qui se constitue d’éléments empruntés à l’une et à l’autre,
zombinés avec des institutions plus récentes.
A peu près partout en Occident, des pays celtiques
aux pays germaniques et aux pays romains, s’efface la
noblesse de race ou de naissance, mais grandit, sous des
noms divers, une aristoeratie foncière qui fusionne avec
l’aristocratie domestique, formée des personnages de
condition même humble, attachés au service du roi, et avec
celle des hauts fonctionnaires, détenteurs par délégation
de l’autorité publique, qui transforment leur fonction
révocable en office héréditaire. Ainsi wchechelvers, pen-
cenedls, cinnidls, machtierns, baires (propriétaires de vaches)
irlandais, gallois, armoricains, thanes, earls, ealdormen
anglo-saxons, edelings, antrustions, nobiles, proceres, opti-