174 , L’APOGÉE DU TRAVAIL MÉDIÉVAL
Etat arriéré de l’économie agricole féodale. — Rien n’a
Sté tenté pour améliorer l’économie de la production
paysanne. Les classes féodales, ignorantes de l’agro-
nomie, dédaigneuses du travail du làboureur, ne savent
ni encourager ni aider son effort, pour obtenir de
la terre un meilleur rendement. Livré à lui-même, sans
guide, sans conseil, sans appui, démuni de capitaux,
pourvu d’un bétail insuffisant et d’un outillage imparfait,
réduit souvent à l’emploi de la pelle et de la bêche ou de la
charrue de bois, le vilain continue à exploiter sa tenure,
d’après les procédés épuisants de la culture extensive.
Il ne sait pas alterner les cultures, il ignore les plantes
reconstituantes, il ménage ses'‘fumures. Il abuse de la
jachère et de l’écobuage. La colonisation agricole n’a
réalisé dans les deux premiers siècles de cette. période
féodale que de médiocres progrès. La majeure partie du
sol de l’Occident reste à l’état de lande, de marécage ou
de forêt. Les céréales, la vigne, les cultures industrielles
n’occupent que des surfaces restreintes. Le menu bétail
domine toujours dans les étables et le pâturage continue
à l’emporter sur la prairie. Confiné dans l’étroite sei-
gneurie, où son travail ne trouve pas de stimulants assez
vigoureux pour l’exciter à produire, le vilain ne fournit que
l'approvisionnement strict nécessaire pour son maître et
indispensable pour la subsistance de sa propre famille.
Sa tenure est généralement assez étendue. Variant avec ia
fertilité du sol, elle atteint en Alsace une moyenne de
10 hectares, en Allemagne de 7 à 60 (20 à 174 journaux),
en Angleterre de 5 à 10 (15 à 30 acres) et exceptionnelle-
ment de 17 (50 acres), proportion qui se retrouve en France
eb ailleurs. Il faut ajouter que le paysan participe aux
droits d’usage dans les landes, pâtis, bois de la commu-
nauté villageoise et du seigneur. Mais en certains pays,
sels que l’Angleterre, l’Allemagne, la France de l’Est, la
dissémination des terres de culture en minces bandes
exploitées suivant les procédés de la culture en commun,