218 L’APOGÉE DU TRAVAIL MÉDIÉVAL
niques et les produits manufacturés des Flandres. Bientôt
les avantages de ce trafic attirent l’attention des Italiens,
qui inaugurent au début du xrv® siècle leurs rapports avec
les Pays-Bas, par l’établissement du service annuel des
Hottes vénitiennes, dont le point d’arrivée est Lécluse, le
port de Bruges.
Tandis que l’Angleterre, satisfaite de son opulence
de pays agricole privilégié, ne sent pas encore s’éveiller
sa vocation commerciale, l’Allemagne s’efforce de deve-
nir puissance maritime. Les villes commerçantes du
Nord, dont Lübeck'est la plus active, organisent leur
grande association, la Hanse, au XII° siècle (1241). Elles
aspirent à monopoliser le trafic des deux mers ouvertes
récemment à l’activité commerciale des peuples chrétiens,
la mer du Nord et la Baltique, par lesquelles l’Occident,
en échange des produits du Levant et des marchandises
de l’Europe méridionale et occidentale, s’approvisionne
de poisson et surtout de matières premières, bois, gou-
dron, cendres, suifs, peaux, cuirs et fourrures.
En deux cent cinquante ans le commerce, dépassant de
beaucoup les limites qu’il avait atteintes dans l’antiquité,
transforme l’Europe chrétienne et détermine une véritable
révolution dans l’histoiré dun travail.
Les effets de la révolution commerciale. — Il provoque
en effet, par l’ouverture d’une foule de nouveaux mar-
chés, l’essor de la prod'uction industrielle et agricole.
La vieille économie domaniale est forcée de se trans-
former et de s’ouvrir au progrès. L’accroissement de
la consommation, l’oùuverture des relations avec le dehors,
le développement de la richesse mobilière obligent les
détenteurs du capital foncier à s’adapter aux nouvelles
conditions de la vie économique, à mettre le sol en culture,
à chercher par la colonisation l’accroissement de la valeur
et du rendement de la propriété foncière, de manière à
éviter là ruine qui guette les propriétaires insouciants ou