248 L’APOGÉE DU TRAVAIL MÉDIÉVAL
faute d’une étude attentive de leur organisation. Cette
politique est toute entière dominée par la préoceupation
des intérêts économiques et par le souci du développement
de la puissance du travail. La communauté urbaine, qu’elle
soit dirigée par un patriciat bourgeois, par une démocratie
ou par des corps recrutés dans les diverses classes de la
cité, s'inspire des mêmes mobiles que ceux qui l’ont guidée
dans ses efforts pour la conquête de l’émancipation. Elle
poursuit avec une énergie persévérante et une logique
rigide le maintien et l’accroissement de ses privilèges
Économiques, l’enrichissement de la collectivité au moyen
du travail organisé, de manière à assurer la grandeur et la
puissance de l’État municipal. C’est pour la réalisation de
ces objectifs pratiques, qu’elle lutte contre les puissances
établies, empire, royautés, seigneuries laïques et ecclé-
siastiques. C’est pour mieux les préserver qu’elle se résigne
même à se départir de son exclusivisme, qu’elle forme, avec
d’autres groupements urbains, ces fraternités, ces ligues,
telles que celles des villes lombardes et toscanes, des
32 villes rhénanes, des 67 cités flamandes, des 32 cités de
Léon et de Galice, des villes maritimes de Cantabrie, dont
l’action sauvegarda les libertés et la prospérité écono-
mique de vastes régions. En général, un patriotisme local
jaloux, un particularisme égoïste, inspiré d’un attache-
ment intransigeant aux intérêts commerciaux et indus-
triels de la communauté urbaine, sur lesquels est fondée
la puissance de l’État municipal, inspirent ces gouverne-
ments qui représentent les idées et les tendances des
classes productrices, devenues souveraines on investies
d’une partie de la sonveraineté.
Les pouvoirs économiques de la communauté urbaine. —
C’est d’ailleurs dans le domaine économique que les collec-
tivités urbaines, villes de bourgeoisie, villes de colonisation,
communes, possèdent les pouvoirs les plus étendus, dont
l’ampleur surprend l'historien. Tout y est mis en œuvre