LA CONDITION DES CLASSES URBAINES 261
autres (arti, zünfte) de fédérations de syndicats, tels que
l’arte della lana de calimala se sont multipliés en Occident,
depuis le milieu du x1r® siècle jusqu’au milieu du xrve, Au
début de cette dernière période Venise en possède 58,
Mantoue 21, Gênes 33, Bologne 20, Bergame 18, Parme 24,
Padoue 36, Pavie 25, Florence 21. Paris, qui n’en avait
qu’une douzaine vers 1180, en a 100 au temps de saint
Louis. Amiens en compte 26 au commencement du
XIVe siècle, Poitiers 18, Cologne 26, Trèves 20, Magde-
bourg 12, Francfort-sur-le-Mein 14, Strasbourg 15. La
moyenne dans la plupart des villes allemandes varia de
12 à 15. Les corporations jurées s’organisèrent assez tard
dans les régions où dominait le patriciat, par exemple
aux Pays-Bas. C’est surtout dans les industries de l’ali-
mentation, du bâtiment, de l'habillement, parmi les
métiers de première nécessité, que le syndicat profes-
sionnel réussit à se constituer en corps privilégié.
Mais il arrive souvent aussi que les professions de
caractère aristocratique, où le travail cérébral prime le
travail manuel, comme celles des notaires, des médecins,
des apothicaires, des orfèvres, se constituent de bonne
heure en corporations, et prennent même place parmi
selles qui jouissent du plus grand renom. Tel est le cas
des arts majeurs, à Florence. D’autres fois, les métiers
dont les membres ont su s’imposer à la considération
publique par l’acquisition plus rapide de la richesse,
comme les banquiers, les changeurs, les grands fabricants,
ont bénéficié du prestige ploutocratique pour s’organiser
également en collectivités privilégiées. Fréquemment enfin,
à mesure cu'’elles sont sorties du cercle de l’industrie
familiale et domestique, un bon nombre de professions,
“elles que celles des boulangers, sont parvenues à leur
tour à entrer dans le cadre corporatif.
L'organisation des métiers libres et jurés. Le patronat,
le compagnonnage, l'apprentissage. — Métiers Hbres