Full text: Le travail dans l'Europe chrétienne au moyen âge (Ve-XVe siècles)

266 L’APOGÉE DU TRAVAIL MÉDIÉVAL 
professionnelle, d’égalité et de solidarité sociale. Les règle- 
ments ou statuts des métiers réprimèrent sans pitié les 
malfaçons, la fraude, le travail hâtif et malhonnête. Ils 
garantirent la publicité de la fabrication et du commerce, 
la loyauté des transactions, par tout un système d’inspec- 
‘ions, de contrôle et de marques. Ils ne déracinèrent pas 
assurément l’esprit de fraude et les æbus, mais il les Limi- 
tèrent. De même, ils s’efforcèrent de sauvegarder la moralité 
du métier, en excluant les éléments douteux et indési- 
rables, en imposant aux classes laborieuses l’observation 
des lois de la morale, de la religion et de l’humanité. Ils 
3urent encore pour objet de maintenir entre les maîtres 
une sorte d’égalité, en proscrivant le eumul des professions, 
le débauchage des ouvriers et de la clientèle, les manœuvres 
d’accaparement et de spéculation, de manière à assurer à 
chacun la jouissance équitable et rémunératrice de son 
travail. La réglementation entravait ainsi la formation 
des grandes fortunes, mais elle rendait possible une juste 
répartition des revenus. L’ouvrier lui-même vit recon- 
naître son droit au travail. Le patron fut tenu de lui four- 
nir de la besogne, de l’employer de préférence au forain, 
aussi bien qu’aux autres patrons de la ville, et de ne pas 
lui susciter la concurrence de la main-d’œuvre féminine, 
Pour la première fois, l’association professionnelle fondait' 
par son action la discipline volontaire, fixait la juste 
hiérarchie, les droits et les devoirs des classes laborieuses, 
leur donnait, avec la liberté, la conscience de leur dignité 
st de leur responsabilité. Elle enrichissait le monde d’une 
nouvelle Jorce sociale. d’une puissance incomparable. 
La conquête du pouvoir par les masses urbaines et la 
révolution démocratique syndicaliste en Occident au 
XIII siècle et dans la premiére moitie du XIV». — Le 
syndicat libre ou assermenté, le métier ou la corpora- 
tion fut la forteresse de plus en plus redoutable, à l’abri 
de laquelle les masses entreprirent la conquête du Pouvoir
	        
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