LES INVASIONS, RUINE DU TRAVAIL 19
de la sécurité dans un État affaibli, en y augmentent l’in-
différence patriotique, en y relâchant la discipline sociale,
en y amoindrissant le sentiment de la vigilance et de
l’énergie.
Les milliers de Barbares établis dans l’Empire ne
devaient être que de médiocres défenseurs d’une civilisa-
tion qu’ils ne haïssaient pas, mais à laquelle ils ne tenaient
que par des liens superficiels. Ce ne fut pas d’ailleurs, non
plus, la haine du Barbare contre le civilisé qui détermina
au V° siècle les nouvelles tentatives d’invasions couronnées
de succès. Les envahisseurs ne cherchèrent alors, une fois
de plus, dans l’Empire, qu’un asile, et ils n’y demandèrent
qu’une place, à l’origine, assez humble. Dans l’histoire
de leurs établissements, les irruptions violentes ne furent
que des exceptions déterminées par la nécessité ou par des
sonflits avec d’autres peuples. En général, les futurs
héritiers de l’Empire se présentèrent en mendiants armés,
qui s’estimèrent trop heureux de recevoir des terres et des
colons, en échange des services qu’ils rendaient comme
soldats de Rome. Mais le désordre que provoquèrent les
invasions, les unes pacifiques, les autres violentes, pro-
longé pendant deux siècles, finit par ruiner, sinon l’Orient
qui résista, du moins l’Occident qui n’eut pas la même
force de résistance.
Les invasions et les établissements des Barbares. —
Les grandes migrations des peuples commencèrent en
effet dès la fin du 1v° siècle et se poursuivirent jusqu’à
la fin du vre, se prolongeant même parfois au delà. Ce fut
d’abord la ruée des Huns Occidentaux qui, chassés des
bords du lac d’Aral, se jetèrent sur l’Empire gothique des
bords de la mer Noire, le détruisirent, et, entraînant avec
eux les débris de peuples germaniques et slaves, obli-
gèrent les Goths à se réfugier en Dacie et en Mésie, sur le
rerritoire de l’Empire d’Orient, où ils furent accueillis à
titre de fédérés. Bientôt, ces derniers alliés incommodes