ÉMANCIPATION DES CLASSES 307
France et en Luxembourg, celles de Breteuil en Normandie
et en Angleterre, de Flumet en Suisse romande, de Fribourg
en Allemagne, de Mons aux Pays-Bas, de Santiago et de
Logroïño en Espagne. Aux bauæ emphytéotiques, aux fefs
fermes, aux bauæ à complani et aux concessions d’hostise,
qui assurèrent aux cultivateurs isolés des avantages spé-
ciaux pour la jouissance de léurs tenures, s’ajoutèrent les
libertés d’ensemble reconnues par les fueros, les lois, les
coutumes, les chartes, aux milliers de colons des terres de
colonisation. Ceux-ci se groupèrent dans des, villages ou
bourgs, appelés villes neuves, villes franches, sauvetés, bas-
tides, salvetats, bourgs neufs, bourgs francs, qu’on retrouve
partout en Occident sous des dénominations analogues à
celles qui eurent cours en France.
Là, dans des enceintes régulières, protégées par des fos-
sés ou des murs grossiers, à l’abri de leurs églises et de la
croix, symbole de la paix de Dieu, les paysans trouvèrent
autant d’asiles de leur liberté naissante. La majeure part
de l’Italie, surtout la Toscane et la Lombardie, les Cas-
tilles, la Navarre, les provinces basques, la France occiden-
tale, les Pays-Bas, l’Allemagne rhénane, furent les pre-
mières régions où les populations rurales obtinrent leurs
franchises, et où, dès le xIT° et le x1T1° siècle, l’émancipation
réalisa les plus grands progrès. La France de l’Est et du
Centre, les Deux-Siciles, l’Aragon et la Catalogne, les
Pays-Bas orientaux, l'Allemagne du Nord et du Centre,
l’Angleterre suivirent le mouvement avec plus de lenteur.
Mais dans l’ensemble, vers la première-moitié du x1V° siècle,
la plupart des populations ruralës de l'Occident avaient
presque achevé leur émancipation.
Les libertés et franchises des classes rurales émancipées.
— Les conditions de l’affranchissement varièrent à l’infini ;
ici elles ont été très larges, là, elles ont été entourées de
restrictions. Tantôt, les concessions furent faites en une
fois, tantôt on ne les octroya que successivement. Mais en