54 LE TRAVAIL PENDANT LE HAUT MOYEN AGE
au contraire en grand nombre à grossir la foule des colons
et des serfs de la glèbe (adscriptitit).
De ces divers éléments, petits propriétaires libres déchus,
journaliers, métayers, fermiers, esclaves affranchis, tous
obligés de rechercher dans un contrat d’étroite dépendante
les moyens de vivre en cultivant le sol, seformèrent, en effet,
le colonat et le servage. Le colonat déjà constitué pendant les
derniers siècles de l’Empire romain se généralisa dans
l’Empire byzantin, sans cesse grossi par le Éot de nouveaux
arrivants : débiteurs insolvables, vagabonds fixés d’office
sur les domaines, individus sans ressources, étrangers
‘advenæ) sans avoir venus sur la terre d'autrui, prisonniers
de guerre répartis sur les propriétés publiques ou privées.
Les colons sont inscrits sur les registres de la capitation,
pour que l’État puisse percevoir sur eux l'impôt dont ils
sont redevables. Ils figurent sur le cadastre de chaque
domaine, au même titre que le matériel d’exploitation.
Établis sur le sol, ils en assurent la culture, sans avoir
aucun droit à la propriété. Ils paient au propriétaire une
large part du revenu foncier, à titre de cens ou de tribut,
de prestations en nature ou en argent (canons). Mais en
retour, ils ont l’usufruit perpétuel, transmissible et héré-
ditaire, de la parcelle qu’ils mettent en valeur. Parmi eux
toutefois, s’établissent deux catégories d’exploitants. La
plus favorisée, celle dont les membres continuent à porter
le nom de colons pendant les premiers siècles du moyen
âge, possède la plupart des prérogatives de la liberté
civile, telles que celle de contracter mariage sans condi-
tion de domicile, la plénitude de la puissance maritale et
paternelle, la capacité testamentaire.
La moins favorisée, celle des cultivateurs à demi asservis,
appelés les inscrits, les cadastrés (adscriptitit, enapographoi),
qui se confond bientôt avec les serfs (servi rustici, paroikoi),
est déjà astreinteàdesrestrictions génantes ouonéreuses pour
le mariage et pour la transmission de la tenure ou du pécule,
en même temps que ses obligations ont augmenté en