BYZANCE, LA RÉORGANISATION DU TRAVAIL 63
Byzance et de Thessalonique sortirent de merveilleux
produits, châsses et reliquaires, autels et croix, vases
sacrés, encensoirs, dalmatiques, bijoux étincelants de
rubis et de perles, vaisselle précieuse et argenterie de toute
espèce. Dès le vr° siècle, ils triomphèrent dans l’art de
l’émaillerie, et répandirent partout leurs beaux émaux
cloisonnés et champlevés. Leurs ciseleurs et leur fon-
deurs travaillèrent le bronze qu’ils niellèrent d’argent et
exécutèrent ces plaques ornées, ces fontaines, ces portes
monumentales dont on a d’admirables spécimens à
Sainte-Sophie, à Pavie et à Rome. Leurs ivoiriers fabri-
quèrent de délicieux coffrets sculptés, des diptyques, des
couvertures d’évangéliaires d’un goût délicat. Ils pous-
sèrent à un degré de perfection sans égal les arts déco-
ratifs, la verrerie d’apparat colorée, filigranée, émaillée,
la mosaïque et la céramique. De leurs ateliers de Byzance,
de Salonique, de Ravenne, d'Italie méridionale sont sortis
à cet égard de véritables chefs-d’œuvre. Ces maîtres des
élégances fournirent enfin le monde de tous les articles
de luxe, parfums, papyrus, manuscrits, psautiers, évan-
giles décorés et enluminés, que leurs officines et leurs
ateliers savaient seuls préparer ou Oorner. C’est grâce à
cette supériorité dans le travail industriel, autant que grâce
à la richesse de leur production agricole, qu’ils gardèrent
si longtemps leur suprématie commerciale.
Organisation et suprématie mondiale du commerce byzan-
tin. — Dans la chrétienté du haut moyen âge, l’Empire
byzantin a détenu en effet le monopole du commerce inter-
national dont la Méditerranée continuait d’être le centre.
Situé au carrefour des grandes routes maritimes et ter-
restres de l'Asie occidentale et de l’Europe, au point de
rencontre des voies traditionnelles du commerce, possé-
dant, ce qui manquait à l’Occident, un système de trans-
ports réguliers par terre et par mer, un ensemble de moyens
d'échange perfectionné, pratiquant à la fois le trafic de