BYZANCE, LA RÉORGANISATION DU TRAVAIL 65
elle en leur accordant des exemptions et privilèges, mais
elle s’efforçait, par l'inégalité du traitement qu’elle leur
consentait, de les mettre en rivalité les uns avec les autres.
Elle multipliait à leur égard, sans lasser leur patience
inspirée par l’amour du lucre, les mesures inquisitoriales,
les formalités, les marques, les perquisitions, les amendes,
les vexations.
D'ailleurs, malgré cette politique économique à courte
vue et cette réglementation étroite, qu’appliquaient une
nuée de douaniers (commerciaires) et de juges (para-
thalassites), l’Empire byzantin posséda à certains égards
une organisation commerciale supérieure, propre à déve-
lopper les échanges. Dès le moyen âge il inaugura le
règne de la monnaie internationale, de l’étalon d’or. Ce
fut le « bon » besant ou sou d’or byzantin, type de la saine
monnaie, en général de titre invariable, qui fit la loi sur
tous les marchés du monde. Bien qu’une législation res-
trictive et compliquée gônât le crédit, bien que, sous des
influences religieuses, le prêt à intérêt fut assimilé à l’usure,
le commerce byzantin, grâce à l'abondance de la richesse
mobilière, trouvait de l’argent à un taux modique de
8 à 12 p. 100, abaïssé encore au x° siècle, et qui restait
inconnu au reste de l’Europe. La loi limitait le taux de
l'intérêt, mais il n’existait aucune restriction permanente
aux prêts monétaires. Le nombre et l'importance sociale
des changeurs et des banquiers (argentarii) à Byzance,
où ils étaient groupés en une puissante corporation, y
sont les indices du développement du commerce de l’ar-
gent. Avant les Italiens, les Byzantins usèrent de la lettre
du change ou des papiers de crédit qui en sont l’équi-
valent. Sur les routes de terre, sur les anciennes voies
romaines réparées et achevées dans la péninsule balka-
nique et l'Italie méridionale, la circulation fut active.
Us jetèrent ou rétablirent de nombreux ponts sur les
leuves. Ils multiplièrent les puits, les citernes et les abris
3ur les chemins des caravanes; quoique Justinien, mal
BOISSONNADE.