Full text: Oeuvres complètes

48 
PRINCIPES DE L’ÉCONOMIE POLITIQUE. 
raison du surplus qu’on en retire sous la forme de rente. Et cependant, 
à l’époque où les terrains sont le plus fertiles, le plus abondants, le 
plus productifs, ils ne donnent point de rente ; et ce n’est qu’au mo 
ment où ils s’appauvrissent,—le même travail donnant moins de pro 
duit, — qu’on détache une partie du produit primitif des terrains de 
premier ordre, pour le paiement de la rente \ 11 est assez singulier 
que cette qualité de la terre, qui aurait dù être regardée comme un 
désavantage, si on la compare aux agents naturels qui secondent 
le manufacturier, ait été considérée au contraire comme ce qui lui 
donnait une prééminence marquée. Si l’air, l’eau, l’élasticité de la 
vapeur, et la pression de l’atmosphère pouvaient avoir des qualités 
variables et limitées; si l’on pouvait, de plus, se les approprier, tous 
Voilà pourquoi de certaines terres ne rapportent que 20 sous l’arpent à leur 
propriétaire, tandis que d’autres se louent 100 fr , 200 fr., et davantage. 
La proportion entre l’offre et la demande fixe le prix des produits territoriaux 
comme de tout autre produit. Sur ces prix l’industrie et les capitaux dont le con 
cours a été nécessaire, retirent des profits proportionnés aux risques, aux talents, 
et au taux ordinaire des profits dans tout autre genre de production. Les surplus 
forment le revenu du propriétaire foncier, le profit annuel de son utile usurpa 
tion. En cela nous sommes d’accord avec ]\I. Ricardo; mais lorsqu’il prétend 
que, ii’y eût-il point de propriétaires, le prix du blé resterait le même, nous ne 
pouvons le croire. 
Lorsque, soit à cause de la médiocrité du terrain, soit à cause de la pesantejar 
des impôts, le travail et le capital employés à la culture coûtent plus que ne 
vaut le produit qui eu résulte, alors non-seulement il n’y a pas de profits, de re 
venu, pour le propriétaire du fonds ; mais il n’y eu a point non plus sur ce même 
fonds pour les capitaux ni l’industrie ; ils se consomment ou s’enfuient ; les terres 
restent en friche ; la population décroît, la civilisation s’altère , et la barbarie 
revient. C’est l’observation que Volney a faite sur la Syrie , et qu’on pourrait 
faire, quoique à un moindre degré, sur de certaines parties de l’Italie et de l’Es 
pagne, qui ont été mieux cultivées et j)lus populeuses qu’elles ne le sont à pré 
sent. 
Il m’a paru plus simple d’exposer ce que je crois être le véritable état des cho 
ses, que de combattre, paragraphe par paragraphe, la doctrine deM. Ricardo.— 
J.-B. Sav. 
' Il se peut qu’une telle théorie convienne mieux aux habitudes et peut-être 
aux préjugés des Anglais sur la propriété ; mais elle nous paraît inférieure à 
celle d’Adam Smith, qui est plus conforme à la nature des choses, et qui explique 
d’une manière beaucoup plus simple l’origine du fermage. Le fermage n'est, 
selon nous, que le prix de location d’un instrument privilégié dans les pays 
d’aristocratie, et d’un accès plus libre dans les pays où règne l’égalité des parta 
ges. La liberté absolue du commerce en ferait encore plus baisser le taux, si elle 
existait quelque part. — A. Blakql'i.
	        
Waiting...

Note to user

Dear user,

In response to current developments in the web technology used by the Goobi viewer, the software no longer supports your browser.

Please use one of the following browsers to display this page correctly.

Thank you.