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PRINCIPES DE L’ÉCONOMIE POLITIQUE.
raison du surplus qu’on en retire sous la forme de rente. Et cependant,
à l’époque où les terrains sont le plus fertiles, le plus abondants, le
plus productifs, ils ne donnent point de rente ; et ce n’est qu’au mo
ment où ils s’appauvrissent,—le même travail donnant moins de pro
duit, — qu’on détache une partie du produit primitif des terrains de
premier ordre, pour le paiement de la rente \ 11 est assez singulier
que cette qualité de la terre, qui aurait dù être regardée comme un
désavantage, si on la compare aux agents naturels qui secondent
le manufacturier, ait été considérée au contraire comme ce qui lui
donnait une prééminence marquée. Si l’air, l’eau, l’élasticité de la
vapeur, et la pression de l’atmosphère pouvaient avoir des qualités
variables et limitées; si l’on pouvait, de plus, se les approprier, tous
Voilà pourquoi de certaines terres ne rapportent que 20 sous l’arpent à leur
propriétaire, tandis que d’autres se louent 100 fr , 200 fr., et davantage.
La proportion entre l’offre et la demande fixe le prix des produits territoriaux
comme de tout autre produit. Sur ces prix l’industrie et les capitaux dont le con
cours a été nécessaire, retirent des profits proportionnés aux risques, aux talents,
et au taux ordinaire des profits dans tout autre genre de production. Les surplus
forment le revenu du propriétaire foncier, le profit annuel de son utile usurpa
tion. En cela nous sommes d’accord avec ]\I. Ricardo; mais lorsqu’il prétend
que, ii’y eût-il point de propriétaires, le prix du blé resterait le même, nous ne
pouvons le croire.
Lorsque, soit à cause de la médiocrité du terrain, soit à cause de la pesantejar
des impôts, le travail et le capital employés à la culture coûtent plus que ne
vaut le produit qui eu résulte, alors non-seulement il n’y a pas de profits, de re
venu, pour le propriétaire du fonds ; mais il n’y eu a point non plus sur ce même
fonds pour les capitaux ni l’industrie ; ils se consomment ou s’enfuient ; les terres
restent en friche ; la population décroît, la civilisation s’altère , et la barbarie
revient. C’est l’observation que Volney a faite sur la Syrie , et qu’on pourrait
faire, quoique à un moindre degré, sur de certaines parties de l’Italie et de l’Es
pagne, qui ont été mieux cultivées et j)lus populeuses qu’elles ne le sont à pré
sent.
Il m’a paru plus simple d’exposer ce que je crois être le véritable état des cho
ses, que de combattre, paragraphe par paragraphe, la doctrine deM. Ricardo.—
J.-B. Sav.
' Il se peut qu’une telle théorie convienne mieux aux habitudes et peut-être
aux préjugés des Anglais sur la propriété ; mais elle nous paraît inférieure à
celle d’Adam Smith, qui est plus conforme à la nature des choses, et qui explique
d’une manière beaucoup plus simple l’origine du fermage. Le fermage n'est,
selon nous, que le prix de location d’un instrument privilégié dans les pays
d’aristocratie, et d’un accès plus libre dans les pays où règne l’égalité des parta
ges. La liberté absolue du commerce en ferait encore plus baisser le taux, si elle
existait quelque part. — A. Blakql'i.