33
CHAP. I. — DE LA VALEUR,
d’incessantes variations. En déterminant les principes qui règlent la
valeur échangeable et les prix, il nous faudra donc faire une profonde
distinction entre les variations qui viennent de la marchandise elle-
même, et celles qui naissent des perturbations que subit l’étalon des
valeurs et des prix.
b ne hausse dans les salaires, qui provient d’une'altération dans la
valeur de la monnaie, produit un effet général sur les prix, mais
n agit pas sur les profits. Au contraire, une hausse des salaires, qui
indiquerait qu’une rémunération plus large a été accordée à l’ouvrier
ou que les objets de première nécessité sont devenus plus rares, plus
coûteux, aurait, en général, pour effet d’abaisser les profits; dans
ce cas, en effet, le pays consacrerait à l’entretien des ouvriers une
plus grande somme de travail annuel, ce qui n’arriverait pas dans
l’autre.
C’est d’après la répartition du produit total d’une exploitation
agricole entre le propriétaire, le capitaliste, l’ouvrier, que l’on juge
de l’accroissement ou de la diminution de la rente, des profits et des
salaires ; ce n’est pas, ce ne saurait être d’après la valeur qu’aurait ce
produit si on le comparait à une mesure type, reconnue varialile,
mobile, inconstante.
C est par la quantité de travail nécessaire pour créer un produit, et
non par la portion attribuée aux différentes classes de la société, que
l’on peut juger exactement du taux des profits, de la rente et des sa
laires. Des améliorations introduites en agriculture ou en industrie
pourront doubler l’importance des produits ; mais si les salaires, la
rente, les profits ont doublé en même temps, ils conserveront entre
eux les mêmes rapports, et paraîtront n’avoir subi aucune variation.
Mais s’il arrivait que les salaires ne grandissent pas dans la même pro
portion ; si au lieu de doubler ils augmentaient seulement de 50 p. O/o
et si la rente s’accroissait seulement de 75 p. O/o, laissant aux profits
le reste de l’excédant obtenu, il me paraîtrait fort correct de dire que
la rente et les salaires ont baissé tandis que s’élevaient les profits. En
effet, si nous avions une mesure type qui nous permît de mesurer la
valeur de ce produit, nous verrions que la part échue aux ouvriers
et aux propriétaires est moins grande, et celle attribuée aux capitalistes
plus forte qu auparavant. Ainsi nous verrions, par exemple, que tout
en doublant, la quantité absolue des marchandises se trouve être pré
cisément le produit de la même somme de travail. Si chaque centaine
de chapeaux, d’habits et de quarters de blé se distribuait avant dans
les proportions suivantes :