ig8 LE PROBLÈME DE LA MARINE MARCHANDE.
dont le Bulletin se fit l’écho eurent le don d’agacer le con
seil d’administration des Messageries maritimes, mais non
celui de le décider à renoncer à ses errements et à son indif
férence.
Lors du banquet annuel de la Chambre de commerce
française de Constantinople, M. Paul Cambon, en sa qualité
d’ambassadeur, fut naturellement convié à cette fête. Le
toast que, suivant la coutume, il porta, félicitait les com
merçants des résultats obtenus, les engageait à redoubler
d’efforts, les encourageait à persévérer dans la voie des
améliorations incessantes, les remerciait du zèle et de l’éner
gie qu’ils mettaient à défendre les intérêts français. Des
applaudissements chaleureux accueillirent cette harangue.
Tout autre langage eût paru surprenant dans la bouche
d’un ambassadeur français : mais c’est justement un tel dis
cours qui déplut aux Messageries maritimes. Le conseil
d’administration de cette étonnante société ne vit dans les
éloges et les encouragements décernés à la Chambre de
commerce que des critiques à son adresse. Il se rendait par
faitement compte que rien ne l’autorisait à prendre sa part
des louanges attribuées à tous ceux qui s’efforçaient de
développer dans ces régions l’influence française : son devoir
était, semble-t-il, de les mériter à l’avenir. Pas un instant il
n’y songea.
Par contre, n’ayant pas été à la peine, il tint rigueur à
l’ambassadeur de ne l’avoir pas mis quand même à l’hon
neur. Si bien que M. Cambon se trouvant plus tard de pas
sage à Paris reçut un jour la visite du président du conseil
d’administration des Messageries maritimes qui venait lui
reprocher, en termes aussi enveloppés que possible, d’avoir
« pris parti contre la Compagnie » pour la Chambre de com
merce.
M. Cambon ne crut pas devoir perdre son temps à une