Full text: Le travail dans l'Europe chrétienne au moyen âge (Ve-XVe siècles)

124 LE TRAVAIL PENDANT LE HAUT MOYEN AGE 
laine ou de peau ; ils vont souvent pieds nus ou ne con- 
naissent que de grossières chaussures. Leur nourriture 
est simple et frugale. De la bouillie d’avoine chez les Celtes, 
du pain d’orge ou mélangé de seigle, d’orge et d’avoine 
ou de fèves chez les Anglo-Saxons, du pain de seigle, 
rarement de froment dans les anciens pays romains, en 
forment la base avec le lait, le fromage, le beurre; celui-ci 
a été introduit en Germanie par les populations romaines. 
Ils ne connaissent guère que la viande de porc ; ils usent 
peu de celle de bœuf ou de mouton. Le poisson frais et 
salé et surtout les légumes apparaissent souvent sur leur 
table. Une sorte de bière (la cervoise) et une variété de 
cidre fait avec les fruits de pommiers sauvages, leur sert 
de boisson dans les pays celtiques et germaniques et même 
gallo-romains. Dans les pays romains ils boivent de l’eau 
ou une espèce de petit vin obtenu avee le résidu de la 
vendange. Ainsi vivent des générations d’hommes, sans 
souci de l’hygiène, exposés à toutes les variétés des maladies 
de peau qu’engendre le manque de soins et aux diverses 
épidémies, fièvres, varioles, typhus, pestes, dyssenteries. 
Le problème de l’existence quotidienne les talonne inces- 
samment ; le moindre déficit des récoltes dans ce petit 
monde fermé a pour résultat la famine et aggrave les 
conditions de la vie matérielle. 
Les mœurs’ des classes inférieures sont plus brutales 
encore que celles des hautes classes. Les rixes, les meurtres, 
les vengeances de famille, les attentats contre les personnes 
et contre les propriétés, les violences contre les femmes et 
les enfants apparaissent aussi fréquentes chez les uns que 
chez les autres. Le paysan de ces temps est généralement 
avide, dissolu, vindicatif, fourbe et dissimulé ; il se ressent 
encore de l’esclavage et le servage lui-même n’est pas une 
école de moralité. La vie religieuse qui s’est répandue, 
grâce à la multiplication des paroisses rurales, pourrait 
seule l’élever au-dessus de ses instinets, si elle n’était, dans 
les masses populaires, aussi bien que dans l’aristocratie.
	        
Waiting...

Note to user

Dear user,

In response to current developments in the web technology used by the Goobi viewer, the software no longer supports your browser.

Please use one of the following browsers to display this page correctly.

Thank you.