Full text: Le travail dans l'Europe chrétienne au moyen âge (Ve-XVe siècles)

260 L’APOGÉE DU TRAVAIL MÉDIÉVAL 
du mouvement qui entraînait les elasses laborieuses vers 
l'association. Celle-ci s’étendit à un tel point que bientôt 
elle fut le cadre normal où s’exerça le travail. Elle revêtit 
Jeux formes, celles du métier libre et de la corporation 
jurée. Le premier prévalut dans la plupart des villes d’Occi- 
lent, où les pouvoirs anciens et nouveaux, se résignèrent à 
accepter des organisations moins dangereuses pour eux que 
ne l’était la corporation. Le métier libre, pourvu de mono- 
poles de fait pour la fabrication et la vente, groupa sous la 
garantie d’obligations professionnelles, conformes à l’in- 
térêt général, la grande masse des petits marchands et des 
artisans. Il donna à ses membres le goût du travail probe 
et indépendant. Mais s’il leur assura le bénéfice de la liberté 
et de la dignité professionnelle, il ne les dressa pas en 
corps privilégiés contre les classes gouvernantes. Celles-ci 
conservèrent sur les métiers libres les droits de police et de 
juridiction ; elles exercèrent sur eux la plénitude de l’au- 
torité politique. 
Peu à peu, en dépit des méfiances et de la résis- 
sance du pouvoir souverain, royauté, Église, féodalité, 
patriciat bourgeois, les masses populaires parvinrent à 
organiser d’autres groupements, les corporations jurées, 
où entrèrent les minorités les plus puissantes ou les plus 
agissantes. Celles-ci exercèrent° une action politique, 
économique et sociale bien plus profonde que celle des 
métiers libres. Leur nombre grandit à mesure que le tra- 
vail des masses devint l’élément prépondérant de la pros- 
périté des villes. Tantôt, en vertu d’une décision provo- 
quée par l’intérêt de la cité ou de la classe gouvernante, 
tantôt par suite des revendications pressantes d’un grou- 
pement de travailleurs, les métiers libres ou même les 
métiers dépendants se transformèrent en syndicats asser- 
mentés. Ces corporations, connues sous les noms divers de 
fraternités, de confréries, de frairies, de métiers jurés, de 
seuole, de paratica, d’arti, de mestieri, de gremios, de craft 
quilds, de zünfte, les unes formées de syndicats simples, les
	        
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