; PRINCIPES D'ÉCONOMIE POLITIQUE
créances et des dettes de chaque pays — y compris, bien
entendu, les exportations et les importations — on saurait
quel est le solde qui reste au crédit ou au débit de chaque
pays, et on verrait : — 1° que la quantité de numéraire qui
entre ou qui sort chaque année est égale à ce solde ; — 2° que,
si l'on embrasse une période d’années suffisantes, les soldes
créditeurs et débiteurs se compensent, ce qui veut dire que
créances et dettes se font équilibre automatiquement. Mais
reste à expliquer pourquoi ?
Pourquoi le commerce international tend toujours
à prendre la forme du troc.
Oui, pourquoi ? Quel est le lien qui, dans tout pays, relie
les importations et les exportations? Pourquoi ne voit-on
aucun pays qui vende au dehors sans acheter ou, inverse -
ment, qui achète sans vendre? C’est pourtant un cas fréquent
entre individus: par exemple, le rentier achète toujours mais
ne vend jamais, n’ayant rien à vendre, ni produits, ni ser-
vices, tandis qu’inversement tel paysan qui vit sur la terre et
de sa terre s’enrichit en vendant l’excédent de ses récoltes
sur sa consommation et n’achète presque jamais rien. — Oui,
cette situation peut durer indéfiniment pour un individu
parce que la quantité d’argent qu’il retire du marché par ses
ventes, ou celle qui y apporte par ses achats, est insignifiante
par rapport au stock monétaire existant, mais quand il s’agit
d’opérations se chiffrant par milliards, la quantité de mon-
naie existant dans un pays quelconque ne peut suffire. Si, par
exemple, la France était uniquement importatrice et avait
dû payer en monnaie les 8 à 9 milliards auxquels s’élevait
la valeur de ses importations, il ne lui serait plus resté un sou
dès la première année, puisque tout son stock monétaire or
(le seul qui serve aux paiements à l’étranger) est loin d’at-
teindre ce chiffre. Ce serait bien pis pour l'Angleterre, puisque
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