L’ÉCHANGE INTERNATIONAL 335
te chiffre de ses importations s’élève à 20 milliards et son
stock monétaire seulement à 3 ou 4 milliards ! En deux mois
il serait ratissé !
Les achats faits à l'étranger sous forme d’importations ne
se paient donc presque jamais en argent, mais par le moyen
de lettres de change ou titres de créance similaires. Mais
d’où viennent ces lettres de change, quelle est leur origine ?
Chacune d’elles représente une vente faite à l'étranger, une
exportation. Et c’est bien mieux que la monnaie, car le stock
monétaire s’épuise tandis que cette source se renouvelle sans
cesse.
Il n’y a donc qu’un moyen pour un pays de régler ses
importations — du moins s’il s'agit d’un courant régulier
d'importation — c’est de les payer en marchandises, c’est-à-
dire par des exportations (1). Que se passerait-il si n'ayant
rien à vendre, il devait payer en monnaie ? — En ce cas la
monnaie disparaissant, acquerrait une plus-value énorme,
conformément à la loi de l’offre et de la demande, ce qui
veut dire qu’il y aurait une baisse énorme de prix de toute ;
choses. Or il est clair que du jour où toute chose serait à
plus bas prix dans ce pays qu'à l'étranger, personne ne serait
assez fou pour continuer à acheter au dehors ce qu’il pour-
rait se procurer à bien meilleur marché chez lui. On ne voit
guère les marchandises aller des endroits où elles sont chères
vers ceux où elles sont à bas prix, pas plus qu’on ne voit les
fleuves remonter leur pente. Donc les importations s'arrête-
raient absolument. C’est pourquoi on formule cette loi : un
pays ne peut importer qu’autant qu’il peut exporter cet dans
la mesure de ses exportations.
Soit ! dira-t-on, on comprend qu’un pays ne puisse jouer
toujours le rôle d’importateur, faute de numéraire en quan-
(1) 11 en est de même de toutes les dettes d’un pays vis-à-vis de l'étranger :
non pas seulement dettes résultant d'importations, mais celles résultant, par
exemple, d’une indemnité de guerre — celles-ci aussi ne peuvent être payées
qu'en -marcliandises, c'est-à-dire par des exportations. C'est ce qui rend si
difficile le règlement de l'indemnité allemande et c'est ce que le public a
peine à comprendre.
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