D PRINCIPES D’ÉCONOMIE POLITIQUE
monde une vraie famine de capitaux — et si, comme le dit
M. Irving Fisher, la véritable cause de l’intérêt c’est « l’impa-
tience », jamais elle n’aura agi avec une telle intensité ! Et
comme, d'autre part, l’offre des capitaux sera au minimum,
à raison de l’effroyable consommation qui en aura été faite,
enfin que après la guerre la productivité des entreprises
sera sans doute plus grande qu’elle n’a jamais été, par
suite de Ja hausse des prix — on n’aperçoit vraiment pas
une seule raison de croire que le taux de intérêt baissera
bientôt.
Mais ce temps passera aussi et si nous portons les regards
au delà et que nous essayions de formuler des prévisions sur
les variations des divers facteurs qui agissent sur le taux de
l'intérêt, elles ne pourront être que bien incertaines. —
Pour l’abondance croissante des capitaux, elle est vraiserm-
blable en effet, mais pourra très bien être compensée par
une demande croissante. Toute entreprise n’exige-t-elle pas
une quantité de capitaux de plus en plus considérable ? —
En ce qui concerne les risques, pense-t-on qu’il y ait aujour-
d’hui moins de débiteurs insolvables, moins de faillites,
moins de colossales escroqueries, moins de capitaux
engloutis dans des entreprises aventureuses et surtout dans
le gouffre sans fond des armements, qu’au temps jadis ?
Certes non ! Pourquoi donc se croire autorisé à conclure
qu’il en sera différemment dans l’avenir ? — En ce qui con-
cerne la productivité, il est certain que si on ne regarde
qu’à une industrie déterminée, par exemple les chemins de
fer ou l'éclairage au gaz, il y a une limite à leur développe-
ment, mais si l’on considère la production en général, on
voit que les industries anciennes sont sans cesse remplacées
par de nouvelles : orrien ne permet d’affirmer que les trans-
ports par automobiles, par exemple, seront moins rémuné-
rateurs que ceux par chemins de fer, ou que l’éclairage
électrique le sera moins que l’éclairage au gaz.
En résumé, ce qui paraît le plus probable c’est que le
taux de l'intérêt passera dans l’avenir par les mêmes longues
périodes alternantes de hausse et de baisse que dans le
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